Ce texte est l'oeuvre d'un certain Pniblec.
Note : Cette fic se situe lors de la Saison 2, aprs l'pisode #29 Exploration
Chapitre I
Pas de repos. Jamais.
La Lune clairait faiblement le labyrinthe, cache par des branches d'arbres flottantes. L'enfer de perspective, la prison de gomtrie qui l'entourait de ses hautes falaises ne lui laissait que peu d'espace pour courir dans ses longs et tortueux corridors.
Mais ce n'tait pas ce qui importait.
Un hurlement retentit. Il ne dchira pas l'atmosphre, pas plus qu'il n'explosa ses oreilles. C'tait une plainte grave qui s'levait, une lamentation montante qui rsonnait dans tout l'endroit.
Elle leva les yeux. Juch sur une des corniches rectilignes, elle l'aperut. Il la regardait. Ses deux yeux oranges dans lesquels dansait un petit clat sournois se braqurent sur elle. Derrire elle, d'autres loups hurlrent la mort, avant de projeter leur ombre menaante sur la faade devant laquelle elle se situait.
Panique, elle se remit courir, enchanant les foules sans s'arrter, les yeux ferms contenant peine ses larmes et n'enregistrant pas la valse des nuances marines qui dfilaient autour.
Au dtour d'un couloir, elle se retrouva face un cul-de-sac. L'issue derrire elle claqua violemment et elle se retrouva enferme.
Seule.
Les contours hsitants de la pice lui vinrent l'esprit plus qu'elle ne les devina. Puis un froissement la tira de sa solitude.
La lumire revint soudainement. Au centre de la salle cyan, la dominant de toute sa hauteur, flottant paisiblement assez haut pour ne pas laisser traner ses tentacules sur le sol, la sphre aplatie et transparente qui lui tenait lieu de tte, arborant comme un insigne l'œil maudit de son ennemi, elle l'attendait.
Paralyse, elle la laissa s'approcher. Deux appendices incolores se collrent ses tempes. Un troisime vint s'accrocher son front, pour la soulever de terre.
Dans un bruit de succion, des bulles de feu s'chapprent de sa tte pour traverser les bras visqueux de la crature. Alors que ses forces semblaient partir avec cette pte paisse, tout chavira lentement dans l'obscurit.
Dans le silence.
NON !
o0o
Elle se redressa. Le brusque mouvement tira les draps, achevant ce que les soubresauts agits de son cauchemar avaient entam.
Assise sur son lit, ses yeux exorbits, sa respiration haletante, elle soupira, rattrapant temps sa tte si lourde deux mains.
Cela fait, elle put constater combien son front tait moite. Aprs un autre soupir, elle se rendit compte qu'elle suait de tout son corps, collant ses vtements d'une manire on ne peut moins agrable.
Pour la premire fois depuis son rveil, elle inspira par le nez. Ses paupires se refermrent, laissant ses yeux retrouver progressivement un tat normal.
Distinguant des reflets dans le miroir du mur d'en face, elle put constater le dsordre de ses cheveux qui n'taient dj pas superbement coiffs d'ordinaire.
Tournant la tte pour regarder le bureau, elle vit la masse sombre du tlphone portable porte de main.
Attrapant l'objet, dont l'cran scintilla de vert son , elle vit la srie de chiffres dont la seule signification qu'elle pouvait leur accorder tait que le soleil n'allait pas se lever avant un trs long moment.
Elle s'affala sur son lit et se recroquevilla. Il lui fallait dormir. Pourtant, ses visions l'assaillaient chaque fois que ses yeux se refermaient.
Elle se changea de position.
Puis elle recommena.
Une fois encore.
Dix minutes rent s'agiter pour trouver le sommeil. N'y tenant plus, sachant qu'elle ne pourrait fermer l'œil sans cauchemarder, elle se leva.
Avanant pas de loups jusqu' la porte, elle abaissa doucement la poigne et fit pivoter les gonds dans le silence le plus total.
ant une tte prudente par l'entrebillement, elle s'assura du calme du couloir.
Avec les mmes prcautions, elle a derrire la porte et la referma.
Tentant d'ignorer l'oppressante obscurit du btiment, elle trotta tout le long de l'tage pour arriver devant la chambre de Jrmie.
Car s'il y avait quelqu'un qui pouvait lui faire oublier ses rves horribles, c'tait bien lui. S'il y avait quelqu'un qui rchaufferait son cœur glac par l'angoisse, c'tait bien lui.
o0o
Une nouvelle fois, l'agaant point d'exclamation carlate tourna lentement sur lui-mme, entour de son anneau.
Une nouvelle fois, il avait rat sa tentative.
La dcouverte de cette interface sur le Nouveau Territoire pouvait bien receler tous les secrets sur XANA et l'anti-virus d'Aelita, a ne l'empcherait pas de er ses nuits tenter de trouver un remde.
Depuis que la jeune fille avait t matrialise sur Terre, bien que sa compagnie relle fut le plus grand des bonheurs, il devait bien reconnatre que leurs discussions la drobe, chacun de son ct de l'cran, lui manquaient. Un petit pincement le saisissait quand il allumait son ordinateur et qu'aucun visage ami ne lui souriait, survenu d'une fentre ouverte spontanment.
Bien sr, Aelita n'tait jamais loin : Elle dormait tranquillement dans une des chambres dans l'aile de l'tablissement rserve aux filles. Mais c'tait dans cette clandestinit qu'ils avaient eu leurs conversations les plus intressantes et souvent, les plus intimes. En plein jour, dans l'enceinte du collge, de surcrot, cela changeait du tout au tout.
Un grincement touff survint derrire lui.
Tournant la tte, il aperut un visage aux cheveux chatoyants se tenir derrire la porte.
- Aelita ? chuchota-t-il, couvrant sa surprise. Qu'est-ce que... Tu ne dors pas ?
La jeune fille secoua la tte de droite gauche.
- Allons, ne reste pas dans le couloir... Entre. Viens t'asseoir, fit-il tout bas en dsignant d'un signe de tte son lit qui n'avait plus son poids depuis quelques jours.
Reconnaissante, elle referma la porte et se posa doucement sur les couvertures, tte basse, regardant fixement ses chaussons.
- C'est... C'est tes cauchemars, encore ?
Hochement affirmatif.
Elle prit la parole, d'une voix hsitante, o une petite note chevrotante tentait de percer une brche.
- Je... C'est que... Jrmie, chaque nuit... J'n'en peux plus... Toujours la mme chose...
A cet instant, de petits haussements d'paules furtifs, accompagns d'une goule d'air spasmodiquement avale, la fit trembler de tout son corps. Sa voix prit des tons plus aigus et s'entrecoupa de sanglots difficilement contenus.
- J-Je ne comprends pas... c-c-ce que a veut dire... Est-ce que... J'ai peur, Jrmie, j'ai trs p-p-peur...
Au moins aussi confus qu'elle, il lui glissa quelques mots de rconfort, tous aussi inutiles que maladroits, lui semblait-il.
Quand la premire larme s'chappa de ses yeux mi-clos, d'autres ne tardrent pas suivre. Il devait la consoler. Posant son index sur sa joue, il remonta jusqu' son œil pour essuyer le mince ruisseau de chagrin.
La voyant esquisser un ple sourire, il appliqua doucement sa main chaude sur son visage. Soupirant d'aise, Aelita pressa sa tte sur son paule, coinant gentiment la main de son ami.
Il l'attira elle, sans rencontrer aucune rsistance. Elle vint se plaquer contre lui, ant ses bras derrire lui et appuyant sa tte contre la sienne.
Enlacs, le temps sembla tre une notion d'un autre monde alors qu'ils se beraient un rythme lent et imperturbable.
Jusqu' ce qu'ils s'endorment paisiblement dans leur embrassade.
o0o
Il sentit quelque chose sauter sur lui.
La chose sembla parcourir le lit de long en large, tourna en rond, et enfin, se laissa tomber de tout son poids derrire ses genoux demi-plis.
Entrouvrant les yeux, il s'aperut que derrire leur fort de cils bruns pointait la lumire du jour. Sortant une main engourdie de son drap, il le tta pendant une poigne de secondes avant de tomber sur une masse couverte de poils rches qui formaient des grappes par endroits.
Une suite de mouvement se fit percevoir, puis une petite langue humide mais rpeuse s'occupa de toiletter soigneusement chaque centimtre carr de sa main.
Prenant son inspiration, il poussa un soupir mi-exaspr, mi-ensommeill. Puis il se redressa et ouvrit un œil. Kiwi le regardait de ses petits yeux curieux et la petite queue dont il tait dot frtillait d'impatience. De l'autre ct de la pice, Odd lui tournait le dos, couch sur un ct, bouriffant encore plus sa mche dforme par la nuit.
Enlevant les deux morceaux de coton oranges qui obstruaient ses oreilles, il constata avec ravissement que le seul bruit qui l'atteignait tait le chant des rares oiseaux qui n'avaient pas quitt le petit bois du parc en ce mois de Janvier.
Consultant sa montre pose sur sa pile de vtements grossirement rouls en boule au pied du lit, il dcida qu'il tait temps de faire un tour au rfectoire pour prendre le petit djeuner. S'habillant sans grande frnsie, il jeta un coup d'œil Odd qui se retourna une ultime fois dans son sommeil pour lui faire face. Ouvrant ses paupires, il bailla bruyamment la vue d'Ulrich qui tait dj prt descendre.
- Eh ! hla ce dernier. Oh, la marmotte ! C'est un peu tard pour entamer une hibernation !
Grognements.
- Lve-toi, Odd... Bon, je descends, on s'retrouve au rfectoire, OK ?
Nouveaux grognements. Mettant fin ce qui ressemblait fortement un monologue, Ulrich ouvrit la chambre et sortit. Autour de lui, des portes rvlaient derrire elles des lves bouriffs dont la tte dodelinait au gr d'une marche digne d'un revenant. A la vue de tous ces pensionnaires mal rveills, il ne put rprimer un billement. Secouant vigoureusement la tte et se frottant les yeux, Ulrich mit fin la dernire tape de son rveil et amora la descente. Des courants d'air glacs, dboulant sournoisement aux tournants de l'escalier, achevrent la tche.
Un gel discret tait parsem sur le goudron de la cour et transformait les flaques d'eau en patinoires rduites. Aucun lve, si peu veill qu'il ft, n'oublia de les contourner.
Poussant la poigne glace du restaurant, il se dirigea vers la file d'attente qui n'tait pas encore trop longue, tant donne l'heure plutt matinale. Remplissant son plateau d'un bol de lait chaud, d'une coupelle de crales brillantes la lumire des nons et d'une brioche miraculeusement tide, il se dirigea vers l'une des nombreuses tables libres. Saisissant son croissant, il le trempa distraitement dans le bol tandis que son regard se promenait au-dehors.
Au-dessus du toit du collge, le ciel tait couvert d'une paisse couche de nuages uniformment gris, sans aucune forme apparente, tel un voile fade tendu bien haut dans les airs.
Pas un oiseau ne venait jaillir du bosquet pour percer ce triste manteau. Seule la cour montrait des couleurs indistinctes par les vitres embues du rfectoire, tmoins des rares pensionnaires hors des chaleureuses couvertures de leur chambre.
Alors qu'il persistait noyer la brioche dsormais totalement imbibe, ses penses drivrent au gr de l'imperceptible courant des nues pour parvenir finalement Yumi.
Son image s'imposait dans son esprit ds qu'il ne se concentrait plus sur quelque chose, mais en fait, mme lorsqu'il tait occup, elle restait toujours dans un coin de sa tte, comme une chanson qui persistait demeurer dans votre cerveau, et cette chanson l, c'tait un chant doux, recelant une tideur apaisante quand il se la rcitait, parvenant lui faire oublier tous ses soucis, toutes ses proccupations.
Quand il se reprsentait Yumi, il n'imaginait pas de dcor autour d'elle, il la voyait, simplement, drape de noir jusque sur les bords de son visage encadrs par deux chutes de cheveux souples, esquissant un sourire timide derrire son expression d'extrme srieux, ses yeux naturellement en amande semblant encore plus plisss sous l'effet d'un bonheur profond.
Une tche blonde surplombant une forme mince et allonge de couleur violette se dtacha de l'ensemble confus derrire la fentre voile et tira Ulrich de ses douces rveries.
Comme elle se rapprochait, la porte du rfectoire s'ouvrit pour faire apparatre un Odd la mine extnue. Mais Ulrich avait appris par exprience reprer cette lueur fouineuse et malicieuse mme dans ces regards apparemment peu vifs.
Pour preuve, il avait dj repr les denres dignes d'intrt, ne restant dans le parcours qui remplissait son plateau qu'une poigne de secondes. Il avait galement dj repr son ami et vint ses cts.
- Bon au fait ? Tu m'as toujours pas dit si a allait toi ce matin ! lui dit-il en guise de salut.
- Euh... Hein ? Tu me l'avais demand ? J'croyais que tu dormais encore...
- Ah videmment, si t'as toujours pas appris le langage des grognements, aprs tout ce temps qu'on se connat...
Ulrich mit un temps comprendre le sous-entendu. Ce n'est qu'une seconde plus tard qu'un sourire blas se forma sur ses lvres. Avec Odd Della Robbia, il fallait toujours garder son esprit veill.
Mme s'il n'tait que 7 heures et quart d'un dimanche matin.
o0o
Lorsque le ronronnement de son ordinateur atteignit nouveau ses oreilles, il se demanda s'il ne s'tait pas endormi contre le dossier de son fauteuil.
Renonant bouger, il marqua un soupir plus profond. A l'inspiration suivante, il remarqua quelque chose. Une odeur qui, de toute vidence, ne provenait pas de son dossier. Ce n'tait d'ailleurs pas une odeur.
C'tait une sensation. Il inhalait un parfum qui l'empchait de se rveiller totalement. La lumire du soleil contre ses paupires, le chant strident des oiseaux du bois, toutes ces choses faisaient partie d'un second plan qu'il parvenait mal distinguer.
Ce qu'il parvenait sentir, c'tait le de son sur lui, la fameuse senteur, et... Une respiration ?
Alors qu'il se concentrait sur ce lger bruissement, il parvint comprendre deux choses. Que son pseudo-dossier se soulevait et se rabaissait au gr d'un souffle trs, trs lger, d'une part, et que d'autre part ce mme dossier s'appuyait autant sur lui qu'il s'appuyait dessus.
Une petite portion d'intrigue lui traversant l'esprit, il entrouvrit les yeux.
Si son œil droit distinguait nettement le lit, surveill par le regard coquin d'Einstein, le gauche fut pris dans une mle de sourcils et de cheveux d'un rose vif.
Retrouvant ses sens aussi brutalement qu'un parachutiste est frein dans sa chute, il sursauta lgrement.
Ce qui provoqua un soupir d'aise de la part de la jeune fille.
Dcollant lentement, trs lentement, sa tte de la sienne, il la retint et laissa doucement son menton se poser contre son pyjama tout aussi color que sa chevelure.
Aelita, cependant, avait d sentir l'absence d'appui et ouvrit les paupires, rvlant deux yeux verts compltement rveills, hagards, qui se fixrent aussitt dans ceux de Jrmie.
Leurs joues d'empourprrent immdiatement. Le garon chercha dsesprment quelque chose dire pour attnuer l'embarras de la situation.
Sa confusion avait d tre tellement visible que l'adolescente pouffa de rire, la main devant la bouche. Plutt que de s'en montrer plus gn encore, il eut l'intelligence de rire son tour et ils partirent tous deux dans un clat qu'il aurait t difficile de briser.
Puis ils se regardrent nouveau, plus amuss qu'autre chose.
Jrmie jeta rapidement un coup d'œil que suivit Aelita son radio-rveil qui indiquait 7 heures et 10 minutes.
- On va djeuner ? proposa gaiement son amie, son grand soulagement, car il se sentait incapable d'engager la conversation.
- Ou-oui, trs bonne ide ! Euh, attends ! ajouta-t-il alors qu'elle s'en allait d'un pas allgre.
Il lui attrapa le bras.
Ils s'observrent nouveau.
C'tait trop bte, se disait Jrmie. Toute une nuit presque magique, tout un merveilleux moment ses cts, si prs l'un de l'autre, et devoir se quitter pour des raisons aussi futiles que partir djeuner ?
Leurs penses concordaient, car elle se retourna vers lui et le garon lui prit l'autre main.
Malgr l'automatisme de ces derniers gestes, ils n'osrent pas faire preuve du mme mcanisme. Ils se retenaient, mais leur visage exprimait clairement l'autre son accord, voire sa volont.
C'est pourquoi inexorablement, toujours avec retenue, mais cette fois-ci pour faire durer l'instant, ils se rejoignirent dans un baiser fait de douceur, de tendresse. D'amour.
Ils ne se quittrent plus. Il n'en tait mme plus question.
Presser dlicatement leurs lvres contre celles de l'autre, lui er les bras autour de lui pour mieux le serrer, le garder prs de soi, tout prs, se blottir contre lui... Quoi d'autre dans la vie pouvait avoir plus d'importance ?
Vint le moment o ils se sparrent. Ce ne fut pas immdiat.
Dans une ultime tentative de rsistance, les lvres s'accrochaient dsesprment, glanant une autre embrassade, volant une dernire bise.
Tentant de rattraper leur chec, leurs yeux se croisaient, essayant vainement de rappeler l'autre.
Puis l'treinte elle-mme cda.
Sans autre expression sur son visage qu'un immense bonheur, sans autre regard qu'un intense dsir la couleur printanire, sans autre son qu'un grand soupir, elle s'en alla.
Jrmie ne la vit pas partir. Il voyait Aelita. Son visage rond, sa chevelure chatoyante, faisant ressortir l'meraude de ses yeux.
Et puis la porte encore entrouverte. Avec sa chambre autour. Et l'ordinateur qui ronflait derrire. Et le brouhaha des lves.
Le temps qu'il comprt que l'instant prsent se composait de toutes ces choses, que l'adolescente avait depuis longtemps quitt la pice, il s'coula bien cinq bonnes minutes.
Secouant vigoureusement la tte, il se dcida bouger. Il commena s'habiller, puis se rappela l'appareil qui grondait d'impatience, se prcipita pour l'teindre, trbucha sur sa chaussette moiti enfile, tomba tte la premire dans son sac dos, s'agrippant en dernier recours son radio-rveil qui fut entran, dbranchant l'ensemble des machines lectriques de sa chambre.
Profitant du silence qui s'installa aprs le bruit sourd du rveil contre le parquet, il grogna vaguement quelque chose d'inaudible, puis sortit la tte du cartable. Rebranchant progressivement ses outils, il s'interrogea sur ce que l'ordinateur pouvait bien faire avant la coupure brutale.
Tout s'claircit. Et s'assombrit aussitt. Il travaillait en rseau sur le scanner qui avait matrialis Aelita. Il esprait ainsi trouver par quel moyen le virus s'tait implant au cours de la manœuvre.
Jrmie, depuis l'attaque des Kankrelats, veillait toujours ce que les scanographes restassent bien toutes protections actives lorsqu'il ne s'en servait pas. Bien entendu, pour cette inspection, il avait d dsactiver ces boucliers.
Mais le gnie dcida qu'il s'en moquait. Dans son esprit encore mal veill, il se convainquit que pour une fois, XANA ne remarquerait rien, qu'il pouvait commettre des erreurs, et qu'il aurait bien le temps de tout remettre en place plus tard.
o0o
- Bon, ils sont court-circuits les deux l, qu'est-ce qu'ils attendent pour venir ?
Odd commenait s'impatienter.
Entre son (trs) petit djeuner, dont le lait frigorifi lui avait donn la nostalgie de sa couette moelleuse ( T'avais qu' t'lever plus tt. , avait laiss chapper Ulrich), et l'adolescent au regard perdu quelque part o il ne pouvait certainement pas l'entendre qui lui tenait lieu de compagnon, il sentait le sommeil le regagner.
Ce ne fut que lorsque la brume sur la vitre laissa transparatre une forme tout de rose vtue, qu'il se ressaisit. Effectivement, Aelita poussa la porte et lana un regard circulaire la salle, arborant toujours cette expression gare. Bien que Odd put remarquer que chaque jour elle prenait plus d'assurance.
Agitant la main en l'air, il attira son attention et elle sourit largement en le voyant. Elle se dirigea vers les buffets pour se servir, puis revint avec un plateau charg d'un peu de tout, typique, selon lui, de l'lve naf persuad qu'il parviendrait engloutir ce qu'un œil averti jaugeait comme des substances douteuses peu aptes la consommation.
Ulrich, semblant toujours absorb par la contemplation de la quatrime fentre du deuxime tage, marmonna quelque chose proche d'un salut. Le lui rendant avec plus d'enthousiasme, elle engagea la conversation.
- Vous allez bien ? Bien dormi ?
- Ouais, a allait. Un peu court, ajouta-t-il en lanant un regard assassin factice au rveur, mais a allait.
- Plains-toi, n'empche que t'as pas t rveill par une boule de poils surexcite qui prend ton lit pour son petit parcours de promenade...
- Aaaah, c'est donc cause de lui que tu m'as rveill... Ce chien ne nous cause vraiment que des problmes, on d'vrait s'en dbarrasser, franchement...
- Allons, Odd... s'inquita Aelita.
- Meuh non, j'plaisante ! rit-il. Et p'is, j'suppose que ce s'rait impossible de s'en librer, il retrouvera son chemin. Pensez, c'est moi qui l'ai form !
- Bien sr... ironisa Ulrich, peu approbateur. C'est pour a, sa manie de rveiller les gens...
- Ouais c'est a merci, soupira Odd, piqu au vif.
Prfrant dtourner la conversation avant qu'elle ne prt des allures de comptition, il demanda :
- Et Jrmie alors ? Il arrive oui ?
- Oui oui, ne t'inquite pas, assura Aelita. Il n'en a plus pour longtemps.
- Si tu le dis. T'es e le voir ce matin ?
- Ou... Pourquoi ? se rectifia prestement la jeune fille, le rouge lui montant aux joues.
- Bah pour savoir s'il allait bientt arriver, t'as bien d aller l'voir, non ? interrogea Odd, dont le teint de son interlocutrice veilla une petite note de soupon dans sa voix.
- Ah non, enfin si videmment mais... Eh, regardez ! Il arrive !
En effet, le garon ouvrit bientt la porte et ne tarda pas reprer leur table. Ayant fait un court dtour par les buffets, il s'assit leurs cts.
Dcid ignorer la gne d'Aelita, ce qui ne lui tait pas coutumier, Odd participa la discussion qui tournait sur des sujets badins tels que l'amusante prononciation de Mme Hertz ayant attrap un rhume. Le genre de sujets dans lequel il excellait lorsqu'il s'agissait de rendre une situation risible.
Aprs un clat de rire gnral, ils virent comme chaque matin entrer presque en triomphe Sissi qui sortait de la longue douche qu'elle s'autorisait chaque matin aux dpens des autres filles du collge. Arborant une mine hautaine sous sa coiffure rendue raide par l'abus d'eau, elle a devant eux sans un mot, mais le simple fait de voir flanque cette pimbche pleine de suffisance de deux morts-vivants aux paules basses et au regard las qu'taient Nicolas et Herv, dclenchrent une nouvelle vague de gloussements.
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A la rflexion, il n'aurait pas d se montrer aussi svre. Il aurait d s'en rendre compte tout de suite. A prsent que Yumi leur avait rvl son problme, tous les indices de ce comportement qu'il avait jug suspect auparavant semblaient lui sauter aux yeux.
Ainsi, sa fille tait amoureuse... Par acquis de conscience, en tant que pre responsable et soucieux de son bon panouissement, Mr Ishiyama s'tait tout d'abord demand si, dcidment, 14 ans, Yumi n'tait pas un peu jeune pour ce genre de choses...
Il dcidait prsent de lui faire confiance. Son enfant avait toujours fait preuve d'une grande maturit, et bien que l'identit de l'heureux lu restt secrte, il pouvait tre sr que ce n'tait pas le dernier m'as-tu-vu du collge.
Heureux lu... En observant attentivement la mre et sa fille, toutes deux assises en face de lui, plonges dans leur bol, Mr Ishiyama trouvait cette appellation presque ironique.
S'il y avait une chance pour que cette idylle ft partage, le jeune homme devrait s'attendre ce que cette relation ne soit pas de tout repos... Oui, Yumi avait le caractre de sa mre... Toujours cacher ses sentiments.
Alors qu'elle relevait la tte de son rcipient, il lui adressa un large sourire, presque attendri, tant elle lui rappelait son pouse.
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Pour la cent-vingtime fois depuis 21 heures 15, l'espion le drangea en ouvrant une fentre avec un bruit aigu. Depuis dix heures, le programme lui rappelait toutes les cinq minutes que les systmes de protection du scanner n3 taient dsactivs, lui faisant remarquer que c'tait ainsi une porte ouverte pour s'emparer de la machine.
De sa longue exprience, fruit de multiples retours vers le , il savait qu'il s'agissait du jeune Jrmie Belpois qui tentait dsesprment de comprendre la source du virus qu'il avait implant en Aelita. L'une de ses plus grandes russites. S'il avait pu faire preuve d'orgueil, il en aurait t fier.
S'il avait pu faire preuve de sentiments, peut-tre y aurait-il eu plus d'actions dont il aurait t fier.
Pour la cent-vingtime fois, donc, il allait rpondre d'un Annuler agac, quand il remarqua que la teneur du message avait lgrement chang.
L'espion affirmait prsent que le scanner tait coup de toutes connexions extrieures. En somme, que Belpois avait laiss l'engin sans protection et, par-dessus tout, sans surveillance.
Ses fonctions logiques n'osant y croire, il dcida d'attendre. Un quart d'heure aprs, le quatrime texte soutenait mordicus la troublante information. Il dcida d'agir.
Fbrilement, un flux continu d'informations s'chappa de son centre de commande. Les liaisons se multiplirent, convergrent, renvoyant des donnes, analysant les possibilits, traitant des milliers de Mgabits par centime de seconde.
Les fichiers affluaient : Il les repoussait. Les demandes chouaient : Il les relanait. Un circuit chauffait : il enclenchait les mcanismes de refroidissement.
Au bout d'une demi-heure de travail acharn, tous les voyants indiquaient la totale russite de la manœuvre.
Il n'y avait plus qu'une chose dclencher : l'appt.
Il envoya quelques coordonnes fausses ou des s'entasser dans une tour du Territoire Montagne. La proie n'allait pas tarder se montrer.
Chapitre II
Plus rien perdre.
Lorsque Jrmie revint dans sa chambre, il avait la larme l'œil.
Odd avait une fois de plus dmontr ses talents en matire de rplique cinglante alors que Sissi se montrait plus froce qu' l'accoutume.
Alors qu'ils quittaient ensemble la cantine, ils s'taient mis discuter du devoir de Sciences qu'ils allaient rendre le lendemain. Inquiet, Ulrich avait demand Jrmie si le nombre de chromosomes standard dans le noyau d'une cellule tait bien de 64, soit 32 paires de ces mcanismes organiques.
S'tendant sur la question, le gnie avait cit intgralement le cours de Mme Hertz avant de rectifier Ulrich en lui avouant que le nombre de chromosomes tait de 46.
Odd en avait profit pour que Jrmie lui expliqut pourquoi un troisime lment dans la 21me paire ralentissait la progression du cerveau, en somme, en quoi consistait la trisomie 21. Le fait qu'un chromosome supplmentaire diminuaient les facults intellectuelles au lieu de les augmenter l'intriguait.
Ravi de pouvoir parler de son domaine favori, les nano-sciences, il avait toute la monte des escaliers dmontrer, en long et en large, ce phnomne avec force mtaphores car le vocabulaire d'Odd n'incluait tout simplement pas le tiers de celui de Jrmie, si bien qu'arriv l'tage, le souffle du garon tait devenu haletant.
Au dtour d'un couloir, ils avaient donc crois la fille du proviseur. Pleine d'audace, elle avait nouveau tent d'approcher Ulrich dans une dangereuse manœuvre profitant de l'absence de Yumi.
- Oh ! Ulrich ! s'tait-elle exclame en haussant tellement le ton qu'il paraissait vident que sa surprise tait feinte. Tu vois, o qu'on aille, on s'retrouve, c'est fou a ?
- C'est dev'nir fou, ouais... avait marmonn l'intress.
- Allez Ulrich, avoue-le, avait-elle avanc, avec un culot formidable. Tu me trouves mieux que les autres filles, n'est-ce pas, je sais que j'ai toujours eu quelque chose en plus sur les autres...
- Ca doit venir de ton 47me chromosome, avait lana Odd, guilleret.
La plaisanterie avait de l'ide. Jrmie pouffa, ainsi que ses amis.
Mais Sissi, n'ayant pas compris l'origine des ricanements, avait continu sur la piste toute trace qu'Odd lui avait prpare :
- Bah ouais tiens, srement ! Papa, ouais, le dirlo lui-mme, m'a toujours trouv une lueur d'intelligence dans le regard, quand j'tais encore gamine...
La vision soudaine d'un bb habill de la mme manire que l'insolente adolescente, en train de loucher avec les mmes yeux que les siens, un grand sourire bat aux lvres, tentant pniblement de dre ses mains pour applaudir, avait prit Jrmie d'assaut et il n'avait rien pu faire d'autre qu'clater de rire.
La stupeur de la pimbche avait incit les autres le suivre.
Furieuse, frustre de ne pas avoir compris, elle s'en tait alle.
Maintenant, Jrmie tait retourn dans la petite pice, surveille comme toujours par l'image en noir et blanc d'Einstein.
Rangeant quelques affaires qu'il avait parpilles dans sa prcipitation, il relana son ordinateur. Il tait farouchement dcider reprendre son travail inachev de la veille.
Par prcaution, il lana un scan des tours sur Lyok, bien qu'il frmissait d'impatience de er la recherche de l'anti-virus. Aussi sa premire raction fut de sursauter lorsque le programme s'interrompit en mettant quelques signaux d'alerte.
Incrdule, il carquilla les yeux sur les coordonnes de la tour infecte. C'tait un monument du Territoire Montagne, situe l'extrme Nord de l'endroit.
Il pianota fbrilement pour dcouvrir le maximum possible sur l'opration de cette tour. Etrangement, elle tait emplie de donnes d'anciennes intrusions, de projets abandonns, mais aucun fichier sur une attaque quelconque.
Jrmie hsita. Il ne pensait pas que XANA eut jamais eu besoin d'utiliser un de ces piliers comme vacuation de programmes indsirables.
Il pensa alors la possibilit d'un pige. La malfique Intelligence Artificielle courait toujours aprs la mmoire d'Aelita. Mais pourquoi avoir attendu maintenant ? C'est un traquenard qu'il aurait trs bien pu tenter avant.
Perdu dans ces suppositions, il tourna frntiquement la tte lorsque Ulrich a le seuil de sa porte.
- C'tait pour le devoir de Sciences, commena le visiteur, j'tais pas sr de...
Mais en voyant l'image clignotante de l'œil carlate, il se tut.
- XANA est l'assaut ? s'enquit-il.
- Je ne pense pas... fit Jrmie. On aurait d se rendre compte de quelque chose, non ? Il n'y a aucune trace d'attaque... J'ai beau vrifier, je n'y comprends rien.
- Quel intrt d'infecter une tour si c'est pas pour nous agresser ?
- J'ai pens... avana le garon, que a pouvait tre un leurre pour nous attirer sur Lyok et prendre la mmoire d'Aelita.
- Alors qu'on serait tous sur le pied de guerre et prts combattre... ?
- Justement, je comprends pas sa stratgie...
- Jrmie, qu'est-ce que... amora la voix d'Aelita qui apparut aussitt. XANA a activ une tour ?
- C'est ce que j'tais en train de dire Ulrich... Il n'y a pas signe du moindre fichier relatif une offensive contre nous, on dirait qu'il s'est juste dbarrass de quelques donnes primes...
- De toute faon, trancha la jeune fille d'un ton dcid, si une tour tombe sous son contrle, il faut la dsactiver, quelle que soit la nature de ce qu'il y a entrepos. Tu es d'accord ?
- Euh... Eh bien... bafouilla Jrmie qui se sentait beaucoup moins sr de lui aprs l'vidence prononce par son amie. Peut-tre que c'est pour t'attirer sur Lyoko et te voler ta mmoire...
- Ca serait trs mal calcul, affirma Aelita d'une voix convaincue. C'est trop grossier comme pige...
- Justement ! s'cria le gnie, court d'arguments. Il doit avoir bidouill quelque chose depuis la dernire fois...
- Comment aurait-il fait ? Jrmie, je ne vois vraiment pas o a le mnerait. Il n'a mme plus le bnfice de l'effet de surprise, maintenant.
Jrmie resta un moment silencieux.
- Bon... Je suppose que tu as raison. On va chercher Odd.
o0o
Yumi soupira.
C'tait une nouvelle matine d'un long week-end qui lui semblait aussi dsagrable qu'un exil. C'tait une pense ingrate pour sa famille, mais elle se sentait souvent mieux avec Ulrich, Aelita, Odd et Jrmie, discutant de tout et de rien, de Lyok, que seule dans sa chambre, attendre tristement la nouvelle semaine.
Bien sr, ses parents taient merveilleux. Ils ne lui avaient jamais rien refus, et en contrepartie, elle avait toujours t honnte et rarement capricieuse envers eux. Mme le problme qui les avait contraint l'accompagner au collge comme une fugueuse s'tait rapidement rsolu.
Bien sr, elle ait d'agrables moments en compagnie d'Hiroki, plaisantant, jouant, mme lorsqu'ils se chamaillaient pour des motifs futiles.
Mais voil, il y avait, et elle ne pouvait s'empcher de penser, avec un pincement dans la poitrine, qu'il y en aurait encore souvent, des moments o ces quelques remdes sa solitude l'abandonneraient. Qu'elle se retrouverait seule, face la fentre, observant les nues incolores d'un ciel sombre. Qu'elle ne pourrait plus chasser le sentiment de morosit qui lui arrachait des soupirs chargs de mlancolie.
Qu'elle songerait celui qui, lui seul, pouvait rallumer le feu de son bonheur, pouvait balayer de son regard intense les obscurs mandres de sa tristesse. Qu'elle verrait son air secret, son mystre, se reflter dans ses yeux bruns.
Qu'elle regretterait, enfin, de ne pas tre avec Ulrich dans ces instants-l.
o0o
Lorsqu'elle saisit sa trottinette, elle ne frappa pas frntiquement du pied pour se donner de la vitesse. Ulrich et Odd la devanaient, eux aussi roulaient tranquillement, se contentant de rtablir leur quilibre alors qu'ils penchaient un peu trop d'un ct.
A cette faible allure, elle songea la teneur de l'infection de cette tour. Bien qu'elle fut dcide la nettoyer dans les plus brefs dlais, elle ne pouvait ignorer le fait que les soupons de Jrmie avaient peut-tre un fondement.
Ne parvenant pas toutefois aboutir une conclusion logique, elle suivit ses trois comparses pour atteindre les chelons d'une des rares issues de ce souterrain.
Ulrich ayant dplac la plaque, un rayon de lumire des plus aveuglants, d l'clat du soleil derrire les nuages chargs d'eau, frappa ses yeux qui s'taient rhabitus aux tnbres des gouts. Accroche aux chelons d'une main, elle se cacha de la lueur, les yeux toujours plisss.
Apparemment dcide ne pas se presser, la petite troupe qu'ils formaient traversa tranquillement le pont pour parvenir la vieille usine.
Contraints de se donner un peu d'lan, ils glissrent rapidement le long des cordes et se rceptionnrent aussi bien que leur permettaient les jambes d'adolescent frles qui les aient. Ils entrrent dans le monte-charge, laissant le rideau mtallique descendre lentement mais srement jusqu' leurs pieds.
Une secousse, puis la cabine bougea, s'enfonant dans les profondes galeries de l'usine.
o0o
L'appareil s'branla tandis que les panneaux de scurit coulissaient suite au code chiffr qu'il venait d'entrer. Il sortit d'un pas anxieux sans mme adresser un regard ses amis qui poursuivirent leur descente jusqu' la salle des scanographes.
Depuis l'ordinateur qui trnait dans la salle, la carte holographique de Lyoko tournant lentement sur elle-mme derrire, Jrmie ne put que constater la vracit des donnes obtenues depuis sa machine.
Un curieux sentiment de malaise au ventre, il se connecta aux scanners.
Un message s'afficha de lui-mme, frappant le garon au creux de l'estomac.
Lancement de la procdure pr-enregistre en cours...
Jamais de sa vie Jrmie n'avait fait suffisamment confiance l'automatisme de ces engins pour les laisser effectuer l'action suivant une demande dj confirme ! Il avait toujours prfr lancer les manœuvres manuellement !
Malheureusement, ce n'tait pas fini. Un autre texte apparut, plus alarmant encore :
Procdure en cours.
Scanner n1
Transfert : Aelita
Coordonnes : Territoire Banquise, Latitude 30 Ouest ; Longitude 27Nord
- Mais c'est pas du tout a !!! s'cria-t-il, affol. Aelita, sors de l ! ... Non elle peut pas... Oh, qu'est-ce qu'il y a encore !
Les statistiques des deux autres scanners s'talrent sur l'cran.
Scanner n2
Scanner : Ulrich
Scanner n3
Scanner : Odd
Jrmie renona trouver la raison pour laquelle les deux appareils n'avaient pas effectu la phase de Transfert. Elle tait pourtant obligatoire pour transfrer quelqu'un sur Lyoko sans risque de le voir tomber dans la Mer Numrique !
Alors que la mme tape commenait pour Aelita, il fut frapp d'horreur lorsque s'affichrent les notes suivantes :
Scanner n1
Scanner : Aelita
Scanner n2
Suppression : Ulrich
Avancement de la procdure de division cellulaire : 0.035/o
Scanner n3
Suppression : Odd
Avancement de la procdure de division cellulaire : 0.041/o
L'ordinateur tait tout bonnement en train d'effacer ses amis !
Agit de tremblements convulsifs, se tournant dsesprment vers chaque composant de la salle comme s'ils allaient l'aider tout arranger, il crut entendre l'inexorable avenir qui semblait planer au-dessus de lui en ricanant.
Scanner n1
Virtualisation Aelita : Succs.
Aelita ! Si aucune tour ne recelait les donnes de ce pige, l'interface du Cinquime Territoire s'en chargerait ! Et elle tait la seule pouvoir rcuprer ces fichiers qui sauveraient Odd et Ulrich.
Malheureusement, elle tait dj aux mains de deux groupes de Blocks qui la cernaient, attendant solennellement l'arrive de la Mduse.
Il ne restait alors qu'une seule carte jouer.
Chapitre III
Vitesse et Prcipitation.
Un bourdonnement aigu se fit entendre, la tirant de ses mditations.
Tournant brusquement sa tte appuye contre la vitre froide, elle vit la petite masse noire de son tlphone portable vibrer.
Sans perdre un instant, elle s'en alla de son observatoire, apercevant du coin de l'œil la bue se reformer derrire son souffle sur la vitre.
Elle dcrocha aussitt, trop presse de savoir si elle devait s'attendre une aventure trpidante sur Lyoko ou une invitation au cinma par William.
- Yumi !
La voix affole tait celle de Jrmie.
- Que... commena la japonaise.
- Pas l'temps ! J'ai besoin de toi l'usine, tout de suite ! L ! Maintenant ! VITE !
Elle ne put rpondre tant la frnsie de son ami tait alarmante.
Marquant une pause au son rpt dclench lorsqu'il et raccroch, elle se remua, secouant fbrilement la tte pour s'claircir les ides.
Tout en dvalant vive allure les escaliers, la multitude de catastrophes possibles et imaginables afflurent, l'obligeant ritrer son mouvement du chef.
Adressant sa mre des mots dont elle n'tait pas sre qu'il furent bien reus, elle se rua l'extrieur et courut dans un ddale de ruelles toutes plus longues les unes que les autres.
Enchanant ses foules athltiques, elle enjamba la plaque d'gout par laquelle elle aurait t soulage de voir Ulrich en sortir son visage ahuri et aussi abasourdi qu'elle ; il n'en fut rien.
Elle traversa le pont presque en volant, tant ses jambes lui paraissaient lgres et promptes sauver ses amis de quelque danger inconnu.
Parvenue trois mtres de la balustrade prs de laquelle reposaient cinq cordes se balanant imperceptiblement, elle sauta et parcourut ainsi toute la distance la sparant des filins.
Trop htive, elle ne parvint cependant pas s'agripper l'un d'eux.
Commena une longue chute vertigineuse qui lui arracha un cri d'horreur.
Voyant dfiler autour d'elle des couleurs indistinctes, elle parvint saisir l'un des cordons, mais ses mains moites glissrent et l'empchrent de ralentir suffisamment.
Fermant les yeux, elle se positionna de manire amortir au maximum le choc qui pouvait bien la tuer...
Elle heurta le sol si fort qu'elle repartit dans les airs sans pouvoir se matriser, assistant sa perte comme une conscience enferme l'intrieur d'une poupe de chiffon.
Plusieurs heurts suivirent, qu'elle sentit peine.
Etale de tout son long, enfin immobile, elle tenta de soupirer mais dut retenir l'lan de sa poitrine douloureuse pour avaler une nouvelle goule d'air force.
Sifflant plus que respirant, ses oreilles mettant une plainte stridente, ses yeux se brouillant de larmes, son corps lui donnant l'impression de trembler de l'intrieur, elle lutta de toutes ses forces pour ne pas sombrer dans l'inconscience.
Elle resterait peut-tre allonge l des heures, mais elle se maintiendrait veille, guettant impatiemment le moment o la douleur cesserait de s'am avec elle.
o0o
Depuis quelques minutes dj, Jrmie avait repris les choses en main.
Si Yumi devait aller sur Lyoko, elle risquait d'tre son tour pige par XANA. Aussi le gnie engageait-il une joute informatique avec les programmes de scurit malveillants insrs dans les scanners, perant une une les protections soigneusement riges par tout un savoir-faire virtuel.
Tout en s'gosillant pour reprendre le contrle d'une des machines, il restait en avec Aelita.
- Ecoute Jrmie, aprs tout, ils ne vont pas m'liminer, si ils veulent ma mmoire... Je pourrais tenter une sortie jusqu' l'endroit du Transporteur !
- Trop dangereux ! Un tir mal ajust et je te perds, toi aussi ! Non, reste l, Yumi ne va pas tarder, et je vais russir dbarrasser un scanner...
Il s'accrochait ces deux ides comme un noy chercherait respirer. Dcidment trop empress, il se connecta l'ancestral rseau de camras dissmines dans l'usine.
Une image en noir et blanc lui dsignait les cordes suspendues devant une tache lumineuse qu'il interprta comme l'entre.
L'une de ces cordes se balanait encore sous l'effet d'un age prcipit.
Mlangeant un soupir de soulagement et un grondement de victoire, il abattit les derniers rsistants du scanographe par lequel Aelita tait entre sur Lyoko.
N'entendant toujours aucun bruit qui lui aurait signal la descente du monte-charge, il a la camra du rez-de-chausse et eut un hoquet de stupeur en dcouvrant la masse noire aux membres dsarticuls qui gisait terre.
C'tait croire que toute la malchance du monde l'crasait sous son poids.
- Aelita heu... Yumi a un problme... Enfin je sais pas, j'vais voir c'qui s'e ! Tiens bon, essaye de les retarder !
Sans laisser le temps son amie de rpliquer, il quitta le fauteuil en hte et se prcipita devant la porte de leur ascenseur de fortune.
o0o
Seule face huit cratures, coupe du monde rel, promise un futur qui se dvoilait comme trs nfaste pour elle, Aelita aurait eu la nause si Lyoko l'avait programme.
Cette gne en moins, elle pouvait donc se concentrer et rflchir loisir sur sa situation. Gure brillante.
Elle songea au dernier conseil de Jrmie - Essaye de les retarder ! - et dcida de jouer le tout pour le tout.
Elle se laissa tomber genoux. Les mains tes, elle laissa tomber sa tte en arrire pour dgager sa voix.
Doucement, timidement, elle se mit chanter.
Ce chant rsonna dans la grotte de glace, s'leva, prit de l'assurance, et lorsqu'il s'interrompit, faisant revenir progressivement le silence, le quadrillage du plafond achevait de s'effacer.
Pivotant sur leur maigre angle de vise vertical pour contempler le phnomne, les Blocks reportrent soudainement leur attention sur Aelita qui a aussitt l'action.
De sa position accroupie, elle dtendit brusquement les jambes et s'leva dans l'azur sombre du Territoire de la Banquise.
Suivie presque aussitt par un feu nourri de tirs.
Cependant, il ne s'agissait pas des lasers digitaux habituels. C'taient en effet les rayons blancs destins immobiliser la cible, imitant d'un point de vue virtuel quelques stalactites geles.
Se rceptionnant sur la neige sans chaleur ni froideur, elle se redressa et courut le long de la dune. Celle-ci, formant un dme au-dessus de sa prison, descendait et prcipitait Aelita qui tentait de ralentir sa course.
Virant soudainement vers la droite dans un drapage tout juste contrl aprs s'tre aperue qu'elle fonait droit vers la Mer Numrique, elle bondit pour atterrir sur le mince chemin de glace qu'elle et ses amis avaient tant parcouru.
Distinguant le crissement des articulations des Blocks lancs sa poursuite, elle sauta juste temps pour viter un nouveau faisceau de gel.
Un bourdonnement dsagrable se fit entendre au-dessus d'elle et une escouade de Frolions la da.
Eux aussi ouvrirent le feu, le vrai cette fois-ci, mais ils visaient dix mtres devant elle. Sous le martlement des lasers, le terrain cda et se dvirtualisa en rvlant sa gomtrie une ultime fois.
S'arrtant soudainement, au bord du gouffre sans fond, elle pria pour que les Blocks cessassent eux aussi leurs tirs.
Ce qu'ils firent, interrompant ngligemment leur course.
Au loin, l d'o elle s'tait enfuie, une plainte inhumaine retentit.
Chapitre IV
L'escapade de l'elfe.
Les tremblements de son corps atteignirent leur paroxysme et elle ne put alors distinguer le sol sous elle.
Ses yeux depuis longtemps ferms pour contenir son flot de larmes brlantes cessrent de se plisser atrocement, ses mchoires se desserrrent et ses poings se dtendirent.
Elle flottait prsent dans un vide dpourvu de sons, d'images ou de sensations. Elle ne parvenait plus penser, aussi son esprit se reposa-t-il.
Une minute, un quart d'heure, une journe plus tard, elle entendit un appel.
C'tait son nom, du moins y ressemblait, et il tait rpt, moins que ce ne fut l'cho de cette parole dans sa tte engourdie.
Ce bruit fut suivi d'un sifflement strident qui prit de l'ampleur, envahissant ses tympans nouvellement retrouvs pour la tirer sans prvenir de ses tnbres.
YUMI !
A prsent, le cri lui dchira les oreilles. Rouvrant les yeux, puis les clignant pour chasser l'humidit, elle parvint voir Jrmie qui la tenait par les paules.
Portant sa main son crne pour le soutenir, elle murmura quelque chose qu'elle-mme ne fut pas capable d'identifier et tous ses sens revirent d'un coup.
Elle agrippa immdiatement son genou gauche avant de s'apercevoir que la jambe entire formait un angle anormal. Comprenant ce qui lui tait arriv, elle laissa chapper un cri de surprise et de douleur.
- Yumi ! On n'a pas de temps perdre, t'inquite pas pour euh... Pour ta jambe... fit Jrmie, semblant se rendre compte de son manque de tact.
- Qu'est-c'qui s'est ...
- Tu as d te rater en prenant la corde, c'est d'ma faute, j't'ai rien dit, j'tais compltement affol...
- Pas a... grogna-t-elle. Qu'est-ce qui est arriv Ulrich ? Et Odd et Aelita ?
- Euh... hsita-t-il, ant son bras par dessus son paule pour la soutenir alors qu'ils se relevaient. La pire des mauvaises nouvelles ou la meilleure des mauvaises ?
- La meilleure...
- Aelita est cerne par un groupe de Blocks et la Mduse devrait plus tarder.
- Et o sont...
- Dans les scanners en train de disparatre pour de bon.
- Qu... s'trangla Yumi, mais le vacarme du rideau se refermant sur eux l'empcha de poursuivre.
- Ecoute, on s'est fait avoir comme des dbutants, j'avais rien prvu, rien vu, rien compris, s'emporta Jrmie. Alors a sert rien de s'nerver, le seul moyen d'y arriver c'est de sauver Aelita pour qu'elle aille tout annuler par l'interface de Carthage. Et de se dpcher.
A ces mots, le monte-charge s'ouvrit sur la salle des scanographes.
- Dirige-toi vers le scanner de gauche, mais n'entre pas ! J'en ai pour deux secondes.
Semblant oublier l'quilibre prcaire qu'il laissait la jeune orientale en l'abandonnant, il s'en alla.
Elle soupira pour vacuer le dchanement d'motions qui la traversait, tels la crainte de perdre ses amis, le pessimisme provoqu la pense d'un chec, et... Une nuance de dsespoir qui croissait dans sa gorge, l'tranglant presque, grandissant comme l'apprhension d'un futur sans Ulrich...
Soudain, la cabine ses cts se mit gronder.
Avanant cloche-pied, elle s'introduisit dans le scanner lorsque Jrmie lui confirma :
- C'est OK, Yumi, j'ai tout vrifi. J'attends que tu rentres.
Jetant un dernier regard vers l'engin dans lequel la moiti de son coeur s'effaait, elle se positionna en face des portes qui coulissrent et se rejoignirent.
- Transfert : Yumi, annona Jrmie.
La plainte monta vers les aigus alors qu'une srie de cliquetis retentissaient.
- Scanner... Yumi.
Une lumire s'alluma ses pieds et remonta le long de son corps, en analysant chaque centimtre carr.
Lorsqu'elle da le sommet de son crne, le gnie pronona :
- Virtualisation.
Dans un ultime rle strident, l'appareil trembla lgrement au niveau du plancher. Ce fut peine si Yumi le sentit. Elle s'tait leve et une bouffe de chaleur fit onduler ses cheveux, les faisant danser au-dessus d'elle, alors qu'elle se sentait progressivement disparatre pour tre happe dans un des multiples cbles lectriques du plafond en la sparant en une multitude de particules infimes.
Sa conscience dsormais rduite une Intelligence Artificielle, elle parvint comprendre que tout s'tait bien . Elle parvint percevoir la traverse des fichiers qui la composaient le long du cble tortueux, puis plus rien.
Un grincement lui hurla aux oreilles.
Elle perut sa tte, aux cheveux immdiatement dompts en un chignon bien serr.
L'onde de virtualisation a le long de son corps dans le sens inverse, faisant apparatre ses dtails graphiques.
Alors que ses bras en croix pesaient sur ses nouvelles paules, la sonde a en revue le moindre pixel de sa structure, depuis le haut de la poitrine jusqu'aux hanches, puis descendant aux chaussures talon.
Lorsqu'elle se sentit entire, elle chuta et se rattrapa machinalement sur le sol du Territoire Banquise.
o0o
Jrmie diminua le pourcentage de zoom sur la carte. Il put ainsi voir Yumi, au centre de l'cran, reprsente par un triangle vert, se tourner vers la fine bande de terre gele qui traversait la Mer Numrique. Juste aprs une curieuse rupture du chemin se trouvait le triangle jaune d'Aelita, cerne par un groupe de monstres qui comprenait dsormais des Frolions.
- Aelita ! Ca va ? s'enquit Jrmie.
- Pas de problme, tout est calme... j'ai voulu m'enfuir, mais les Frolions m'ont rattrap. Et la Mduse...
- Je la vois, assura Jrmie, qui avait encore augment l'chelle de la carte pour apercevoir le cercle rouge qui se dplaait une vitesse inquitante sur l'troit sentier. T'inquite, Yumi est l !
Mais une exclamation de celle-ci retentit et il vit soudain une nouvelle forme rouge se placer entre les deux filles, juste l'entr du chemin. La Mduse se rapprochait toujours.
L'ineptie tait un Mga-Tank, qui ouvrit sa coque pour faire feu de son rayon circulaire lorsque Yumi tenta de sauter au-dessus de lui.
Comprenant apparemment qu'il faudrait liminer le monstre pour er, le triangle vert de Yumi avait effectu une pirouette sur le ct pour viter le rayon.
- Yumi ! Je matrialise illico l'Over-Wing !
- C'est pas de refus, bougonna la jeune fille, une note de remerciement dans la voix.
- Et voil l'Over-Board pour...
Il s'interrompit car une nouvelle fentre, LA fentre qu'il aurait voulu ne jamais revoir, surtout en cet instant, s'ouvrit, masquant les pourcentages inquitants de la dcomposition d'Ulrich et Odd, qui tournaient autour des 35 .
Aelita, les bras en croix, transparente sur le fond bleu de l'cran, tourna sur elle-mme et une reprsentation de son cerveau glissa de son crne, avant de tripler de taille pour occuper un plus grand espace, accompagn d'un compteur dont le nombre allait peine au-del du millier de KiloOctets.
o0o
Une lgre lueur rouge l'horizon lui confirma qu'elle devait se hter. Elle effectua quelques rondades pour esquiver les hmisphres mortelles et gagner en vitesse puis, dans la continuit du geste, saisit son premier ventail qu'elle jeta sans l'avoir gard plus de deux secondes en main.
L'objet siffla tandis qu'il dcrivait un arc dans le ciel sombre, puis se cogna avec un bruit creux la surface mtallique du Mga-Tank qui s'tait referm. Avec une vlocit surprenante, l'engin se rouvrit et chargea un faisceau qui rduisit l'ventail en poussires virtuelles qui disparurent.
Achevant une dernire acrobatie pour agripper le guidon de son Over-Wing, elle s'arc-bouta pour atteindre une meilleure pntration dans l'air. Sa vitesse croissant, elle tira d'un geste large sa seconde arme qui se dploya sous l'effet du vent. Le bras frle dant de la silhouette de l'Over-Wing s'agita et une plainte aigu pera le silence et s'acheva dans un son mat alors que l'ventail se plantait dans l'œil malfique de XANA, le monstre ayant rouvert sa carapace pour charger un nouveau laser sur cette insolente opposante qui lui fonait droit dessus.
L'arrachant au Tank avant qu'il n'explost, elle entendit des bourdonnements dsagrables.
Elle se retourna vers l'endroit o Aelita et la Mduse se faisaient face mais ne put les voir.
Les trois Frolions qui gardaient Aelita fondaient sur elle. De mme, les huit Blocks sautaient les uns aprs les autres le foss.
Pestant et jurant, elle fit dcrire une courbe son ventail qui se joua des lasers pour percuter deux des monstrueux cubes en plein saut. Coups dans leur lan, ils chutrent dans la Mer Numrique.
Faisant pencher son Over-Wing sur le ct pour virer, elle rattrapa son arme qui se logea dans sa main docilement et se replia.
- Yumi, planque-toi a va devenir trop dangereux !
- Pas moyen ! Et Aelita ?
- Je sais, j'y rflchis... paniqua Jrmie.
- C'est a... maugra Yumi, juste assez bas pour viter d'tre entendue par le garon. Rflchis, moi, j'agis.
Poursuivie par les tirs continus de ses assaillants, elle manœuvra dangereusement son vhicule et effectua un looping qui la plaa derrire le groupe de Frolions.
Avant qu'ils ne fussent retourns, l'ventail de Yumi fusa sur eux et deux cratures furent abattues. La troisime envoya une salve de rayons qui la ratrent. Mais alors qu'elle tendait la main pour rcuprer l'arme sifflante, elle reut un tir qui fit grsiller des tincelles le long de son bras, lui donnant la sensation dsagrable d'tre perce par des milliers d'pingles.
Elle parvint toutefois rcuprer l'ventail. Se rendant soudain compte que six Blocks lui tiraient dessus depuis cinq minutes, qu'il lui fallait les dtruire un par un, elle lcha un soupir agac et fona en direction de la Mduse sous le feu nourri de ses poursuivants.
Elle dploya une fois de plus son arme sifflante qui trancha les membranes du monstre, attrapa Aelita au vol et la maintint contre elle le temps qu'elle se remt.
Lorsque ce fut fait, l'elfe virtuel s'agrippa ses paules et Yumi articula pniblement sous l'effet du souffle qui les enveloppait dans leur course :
- Et maintenant, on fait quoi Jrmie ?
- Fonce vers la tour de age, et vite ! Vous n'aurez pas le temps d'attendre le transporteur avec ces sangsues... Vole en zigzag, des Tarentules arrivent devant vous !
En effet, les sinistres araignes mcaniques flchissaient dj leur jambe postrieure pour se stabiliser et levaient leurs pattes antrieures.
Autour elle, Yumi entendait les rayons du Frolion f sans discontinuer, aussi cabra-t-elle son engin pour prendre de la hauteur. Les Tarentules ragirent un instant trop tard et dtruisirent la gupe informatique.
Yumi resta en altitude et sourit lorsqu'elle sentit l'treinte d'Alita se resserrer.
Elles rent au-dessus des arachnides qui crachrent des voles d'nergie par les orifices de leurs pattes.
Acclrant ngligemment, elles furent bientt hors de porte.
La tour de age n'tait plus trs loin, et les derniers mtres furent franchis en un clin d'œil. L'Over-Wing fut absorb ainsi que ses deux agres.
Une fois l'intrieur, Yumi dirigea son vhicule vers le fond de la tour.
Dans le noir le plus total, elle eut l'impression que le monde basculait et elle se retrouva en train de remonter une allure dmente, se mlant aux donnes qui filaient derrire elles...
Elle s'engagea sur la plate-forme et ressortit de la tour. Le dcor du Territoire de la Fort lui apparut et elle s'orienta vers la source de lumire de l'endroit.
L'ayant atteint, elle sauta avec souplesse de l'Over-Wing et fut aussitt suivie par Aelita.
- Voil, j'ai entr l'code ! soupira Jrmie.
La sphre blanche du transporteur tournoya lentement au-dessus d'elles, puis les engloba.
Chapitre V
Elment de Victoire.
L'holomap clignota rapidement puis laissa place une reprsentation de Carthage, relie aux territoires par quatre canaux dans lesquels affluaient des donnes varies.
Jrmie jeta un nouveau coup d'œil nerveux aux pourcentages. Ulrich affichait 41.007/o et Odd 42.103/o.
Lorsque lui parvint nouveau la voix de Yumi, elle l'interrogea sur ces chiffres qu'il lui dlivra aussitt.
- Bon a va, on a encore le temps, non ?
- NON ! tonna-t-il. Si on de les 50/o, c'est fini pour eux !
- Qu... Comment a ?
- C'est simple, intervint Aelita. Le supercalculateur optimise chaque instant sa vitesse. Garder en mmoire la procdure de reconstitution totale prend trop de place, il effacera tous les fichiers relatifs aux 50 premiers /o pour viter de perdre en rapidit.
- Alors il nous reste moins de 10/o ! s'affola Yumi qui venait de comprendre.
- Pour le moment, il vous reste trois minutes pour trouver l'interrupteur, alors en avant ! lana Jrmie, car un autre compte rebours s'tait affich.
La structure du Cinquime Territoire tait un contraste pour lui aprs avoir observ les irrgularits de la Banquise sur la carte qui montrait la progression de ses amies. Ici, tout n'tait que droites, mme les courbes avaient quelque chose de trop net pour le rassurer dans cet trange endroit.
Un tmoin carlate se rapprochait des aventurires.
- Un Rampant ! Derrire l'angle !
Les triangles se stopprent nets et deux cartes de jeu se retournrent face lui, montrant Yumi qui tenait nonchalamment son ventail et un Rampant la gueule ouverte.
Des bruits de lutte lui parvinrent par les haut-parleurs et rapidement les voyants verts du monstre virrent au bordeaux, puis sa carte s'effaa.
- C'est tout, Jrmie ? s'inquita Aelita.
- Euh... Pour le moment, oui. Mais dpchez-vous ! L'interrupteur est encore loin ! Il vous reste... Deux minutes et demie. Je suis en train de chercher la balise... Euh... Oui... Ah ! s'cria-t-il, content de lui. Au prochain tournant, prenez gauche. Vous tomberez sur un carrefour, prenez la voie en face de vous, vous devriez pouvoir l'apercevoir !
Effectivement, ayant suivi le chemin indiqu par leur guide, elle parvinrent devant le repre.
- C'est trop calme, fit Yumi.
- Certainement, mais coute, pour le moment, teins-moi a !
- De suite !
o0o
Sans aucun incident, mis part le bouleversement complet de la gomtrie de l'endroit, la jeune geisha pressa l'interrupteur.
- Yumi ! La voie qui s'est dgage mne vers l'ascenseur !
Ayant dj pris auparavant cet engin, elle sentit une onde d'apprhension la traverser. Elle suivit Aelita qui courait joyeusement le long du couloir.
Soudain, un clair, dans un bruit retentissant, jaillit de nulle part pour frapper violemment l'elfe.
- Aelita ! gronda Jrmie.
Vive comme l'clair, Yumi envoya valser son ventail au hasard tandis qu'elle faisait cran entre les nouveaux Rampants et l'humanode.
Peu habiles, les monstres le reurent de plein fouet. Un d'entre eux fut touch mort, l'autre fut balafr sur toute la longueur de son crne et le dernier cracha un dernier laser alors qu'il tombait, son bras droit rompu.
Le trait s'en alla par-dessus son paule. Elle jeta un rapide coup d'œil Aelita, comme si le choc avait pu l'branler ou la faire s'vanouir.
La relevant prestement, Yumi poursuivit son geste du bras pour rattraper le cerceau mortel qui sifflait d'impatience.
Poussant sans mnagement la pauvre fille dans un recoin, elle sauta en arrire, effectuant quelques roulades ariennes, puis poursuivit son lan une fois atterrie en une multitude de rondades. Lorsqu'elle eut trois mtres d'avance sur la vise de la crature la cicatrice, elle renvoya son arme qui fut dvie d'un tir mieux ajust.
Maudissant la programmation perverse et retorse des monstres de XANA, elle bondit dans les airs pour s'emparer nouveau de son ventail.
Esquivant ainsi une salve de rayons, elle se rceptionna juste en face du tireur.
Se baissant, elle dplia une jambe qui faucha la bte. D'une glissade latrale, elle lui offrit nouveau sa semelle qui l'envoya chuter en-dehors de la sphre intrieure. Yumi put le voir remonter bord de l'ascenseur en se dvirtualisant.
Soupirant, elle eut soudain le souffle coup lorsqu'un faisceau la percuta en plein creux de l'estomac.
Se courbant en deux sous le choc, elle se sentit partir en arrire, les bras tendus en avant cherchant en vain une prise, tandis que le bout de ses doigts se dcomposait en un millier de poussires blanches, bientt imits par la pointe de ses pieds.
Elle ne sentit plus ses bras et aurait pu avoir la nause en les voyant ainsi disparatre. Ses couleurs blanchirent sur sa maquette virtuelle.
Enfin, sa tte fut dnue de poids et les pastilles incolores volrent devant ses yeux qui ne virent plus...
Elle sentait que toutes ces poussires volaient autour d'elle alors qu'elle traversait le cble sinueux qui la transportait vers le scanographe.
Son esprit sentit son corps rapparatre, recroquevill sur le plancher, alors que les portes coulissaient en s'ouvrant.
Tremblant encore de cette nouvelle dvirtualisation, elle tenta de se remettre debout.
A sa grande surprise, sa jambe avait repris une allure normale et elle ne lui faisait pas mal.
Totalement revenue elle grce cette intrigante remise neuf, elle se prcipita vers le monte-charge qui tarda un peu son got. Lorsque les panneaux s'cartrent sur la salle o Jrmie pianotait anxieusement, elle se prcipita ses cts.
- Comment a s'fait que... commena-t-elle sans plus de crmonie.
- Un jour que je vous virtualisais, j'ai eu l'ide d'enregistrer le rsultat de l'tape du scanner. Aussi, quand vous reveniez de Lyoko, vous tiez aussi neuf que quand vous y alliez ! Mais j'ai pas fait a au hasard, ajouta-t-il prcipitamment. Sinon vous reviendriez chaque fois quelques minutes plus jeunes et vous ne vous dvelopperiez plus... J'ai fait une procdure d'enregistrement qui s'actualise chacun de vos ages, en fait...
- Oui bon si tu l'dis, lana Yumi, les sourcils froncs. On en est combien ?
- 46.701 pour Ulrich et 47.456 pour Odd.
- Mais Aelita doit s'dpcher alors !
- Pas de problmes, le Rampant qui t'a limine n'a pas pu la viser, elle vient de prendre l'ascenseur, et l...
- Ca y est Jrmie, je vois l'interface ! exulta l'elfe aux cheveux roses.
- Super ! Oh non...
- Des Mantas ? s'inquita Yumi.
- Bingo. Mais le temps qu'elles percent la couche de fichiers externes, Aelita devrait avoir le temps de trouver...
- J'y suis presque Jrmie ! Voil... C'est trs bien protg, mais j'arrive m'en sortir...
- 48.040 pour Ulrich... compta nerveusement Yumi.
- Aelita... la pressa Jrmie.
- Je sais, je sais ! Voil, je l'ai eu ! A toi de jouer !
- Ouais ! J'ai r'trouv les commandes ! Excellent, bravo ! J'amne Odd et Ulrich tes cts.
- Fais vite ! Les Mantas sont l ! s'affola l'elfe.
- Transfert : Ulrich ; Coordonnes : Mmm... Oui voil. Transfert Odd ; Mmes coordonnes... Je relance la phase Scanner par prcaution... rcita Jrmie, une nuance peine audible de nervosit dans la voix. Et... Virtualisation !
Chapitre VI
Balle de Match.
Odd n'aurait pas pu dire depuis combien de temps il tait coinc dans cet tat trange. Il avait perdu toute notion de temps.
Incapable d'mettre la moindre pense, pas mme apte juger la situation, il ne pouvait que sentir, progressivement, son corps se faire happer par une force qui le tirait vers le bas.
Encore capable de sentir ses membres, il avait eu la dsagrable impression qu'une fois ses pieds emports dans le trou noir, ils avaient disparus. Lorsque ce furent ses genoux d'y er, il dt ettre que l'impression n'en tait pas une.
Il tait bel et bien en train de se dcomposer !
Toute sa volont n'y fit rien, il ne pouvait pas bouger, pas mme ouvrir un œil pour observer ce qui se ait, il ne pouvait qu'attendre le moment o il disparatrait pour de bon...
Puis, une heure, une journe, combien de temps aprs ?, il distingua nouveau parfaitement chaque partie de son corps. Mieux encore : son esprit n'tait plus ankylos.
Avant d'esprer pouvoir poser une question qui se serait srement adresse au mur lisse du scanner, un souffle doux vint le rchauffer dans l'austre froideur de l'appareil, puis prit de l'ampleur jusqu' le soulever et l'emporter dans un conduit sinueux.
Enivr par la vitesse, Odd ne parvenait toujours pas comprendre ce qui s'tait .
Lorsqu'un grincement lui dchira ses tympans, il sut au moins quoi il devait s'en tenir pour l'instant.
A la chute.
Instinctivement, il se rattrapa quatre pattes, atterrissant avec souplesse sur ce qu'il dcouvrit tre le sable du Territoire du Dsert.
Un bruit sourd ct de lui confirma l'apparition d'Ulrich ses cts.
- Ca va vous deux ? lana la voix anxieuse de Yumi.
- Qu'est-ce qui s'est ? interrogrent les deux guerriers d'une mme voix.
- Foncez vers l'extrmit du Territoire, je vous explique en chemin, fit Jrmie.
D'un hochement de tte commun, les deux comparses avisrent rapidement la pointe forme par le plateau topaze. Si Ulrich y parvint en quelques secondes grce sa clrit, Odd mit une fraction de temps de plus que lui.
Tandis que tournoyait lentement autour d'eux le globe du Transporteur, Jrmie leur annona qu'ils venaient d'chapper une dmatrialisation dfinitive, en d'autres termes, la mort pure et simple.
Les mots qu'il pronona par la suite eurent une rsonance trange l'intrieur du globe.
- Yumi est venue au secours d'Aelita, puis elles ont fil vers le Cinquime Territoire pour fouiller l'interface. Yumi y a t dvirtualise. Mais Aelita a pu trouver les donnes.
- Et maintenant, nous nous apprtons secourir cette gente damoiselle qui est assurment en dtresse du fait de sa solitude face moult monstres et autres cratures cauchemardesques dont le noir et dmoniaque dessein est de la retenir prisonnire en attendant la venue de leur diabolique allie le terrifiant cphalopode machiavlique ?
Odd avait prononc ses mots sans buter une seule fois sur aucun des termes chevaleresques qu'il adorait utiliser lorsqu'il s'agissait d'Aelita. Ce vocabulaire volontairement ironique lui semblait particulirement adapt l'elfe fragile et sans dfense, dont la navet - malheureusement en voie d'extinction depuis sa venue sur Terre - lui rappelait immanquablement les princesses la personnalit creuse et sans relief des contes de son enfance.
Il ne fallait y voir aucune mchancet. Car depuis le temps, cette ironie tait quelque chose de convenu entre elle et lui, et cela dait la simple plaisanterie.
- En un peu moins long, 'aurait fait un beau rsum, concda l'informaticien. Vous voil arrivs ! Le compte rebours recommence, alors on s'dpche !
- On pourrait avoir... commena Odd, qui venait de franchir l'ouverture troite de l'arna.
- A tes pieds ! anticipa Jrmie.
Une planche transparente apparut quelques centimtres du sol et se couvrit rapidement d'un rose vif, tandis qu'une moto fonce au blindage pais la roue unique se virtualisait devant Ulrich.
Bondissant, ils firent aussitt dfiler le paysage monochrome derrire eux.
- Des monstres en vue ? s'enquit Ulrich.
- Non, mais l'interrupteur est assez loin, alors foncez ! Mais surveillez les environs...
Sans se poser de question, Odd fit pencher son Over-Board et effectua un virage serr pour franchir l'angle du chemin.
Sans autre avertissement qu'un clat de lumire rouge, il fut projet en arrire et heurta le mur. Sa planche mit un vrombissement tandis qu'elle se dsagrgeait.
Se relevant, il fit signe de ralentir Ulrich qui tait rest en retrait.
Une fois qu'il eut mis le pied terre, ils purent observer la barrire de fins rayons carlates qui leur barraient la route.
- On fait quoi Jrmie ? soupira le samoura, exaspr par cet arrt forc.
- Trs attention ! Ce ne sont que dix points de vie en moins, mais ce sont aussi une dizaine de milliers de lasers !
- Pas d'problme ! assura Odd, on n'a qu' er...
Il leva la tte. Les lasers fusaient jusqu'au haut plafond du couloir.
- Par au-d'ssus... poursuivit-il sans y croire davantage.
- Bon, la moto ne sert donc rien... Va falloir y aller lentement, remarqua Ulrich en observant les complexes diagonales.
- Comme tu veux, mais vous n'avez plus que deux minutes et demie ! objecta Jrmie.
o0o
Bon... Je vais devoir improviser ! conclut-elle en coutant les conseils que Jrmie prodiguait aux autres.
Depuis cinq minutes, les Mantas planaient paresseusement autour d'elle, l'encerclant sans conviction, agitant vaguement leurs nageoires de temps autre. Mais elle savait que si elle tentait quelque chose, les btes retrouveraient trs vite une vigueur dangereuse.
Depuis cinq minutes dj, elle observait fixement le couloir par lequel elle tait arrive, se demandant avec anxit si les premires silhouettes qu'elle y verrait dbarquer seraient ses amis ou la Mduse.
Ce fut donc avec surprise mais crainte qu'elle entendit un cri dchirant retentir derrire elle.
Se retournant, elle ne put retenir un hoquet de stupeur en apercevant le monstre aux tentacules dboucher d'un des quatre tunnels qui menaient directement aux Territoires.
Ses parois se firent moins paisses et les donnes qui y affluaient disparurent. La Mduse en profita pour obliquer dans sa direction, flottant au milieu du vide.
- Jrmie ! gmit-elle.
- C'est pas vrai ! maugra celui-ci en retour. Ecoute, je t'envoie l'Over-Wing...
- Mais les Mantas ?
- Prends-les de vitesse ! ordonna-t-il, semblant au ton de sa voix presque aussi paniqu qu'elle.
Elle se prcipita aux commandes de l'engin frachement virtualis et s'agrippa fermement au guidon alors qu'il l'emportait en hauteur.
Prenant de la vitesse, Aelita laissa les Mantas derrire elle sans chercher savoir si elles se lanaient sa poursuite. Elle se dirigea vers le conduit d'o la Mduse provenait. Malheureusement, il s'tait referm.
Son champ de vision fut alors obstru par le cphalopode. Ne pouvant que pousser un nouveau cri d'horreur, elle sentit le froid et visqueux des tentacules sur ses temps et son front.
Lchant l'Over-Wing, ses mains retombrent le long de son corps, incapables de la dfendre. Elle vit du coin de l'œil le vhicule chuter lui aussi, mais beaucoup, beaucoup plus bas dans les profondeurs de la Mer Numrique.
Suspendue au-dessus du vide, retenue par ces membranes collantes, son corps se balanant un peu sous l'effet de l'inclinaison, elle eut l'impression que les tentacules peraient soudainement sa peau, allant fouiller dans tous les recoins de son crne quelque chose qui en ressortait l'tat de gele orange pour parcourir les appendices.
Elle vit des images s'afficher au fur et mesure que la Mduse s'en emparait, des souvenirs, mais aussi toute une suite de uns et de zros qui dfilaient une vitesse vertigineuse.
Puis, au bout d'un temps qu'elle ne pouvait mesurer, dans un bruit semblable celui d'un violent coup de ciseaux, les membranes se retirrent et la laissrent tomber dans l'immensit bleute qui l'entourait.
Un rugissement de moteur, puis la chute s'interrompit brusquement. Une main venait de l'agripper fermement, et s'vertuait prsent la remonter. L'esprit encore trop embrum pour comprendre ce qui se ait, elle fut hisse et assise de force sur quelque chose de dur qui tremblait lgrement.
Comme elle chancelait, la voix d'Ulrich lui parvint distinctement :
- On s'rveille ! Tiens-toi bien, on va redre Odd !
Elle n'assimila que la moiti du message, celle qui la prvenait que la situation dj confuse allait encore empirer.
Soudain, le dfil des couleurs eut enfin un sens. La couleur brune qui lui cachait une bonne partie du paysage tait la chevelure d'Ulrich, les clats jaunes son bandeau qui s'agitait au vent et les traits rouges qui dchiraient quelque fois le bleu taient les tirs des Mantas qui rataient Odd, tche mauve bondissante seulement reprable la flamme clatante de ses cheveux.
Une nouvelle vocifration fit trembler son sige. Par rflexe, elle a ses bras autour du samoura tandis que l'engin vrombissant entamait une descente en pique.
Aelita tendit le cou pour mieux voir vers quoi ils se dirigeaient.
Odd, poursuivi par les trois Mantas qui esquivaient avec adresse ses projectiles, semblait accul contre l'interface. Le combattant bondit du plus haut qu'il put et dcocha deux nouvelles flchettes qui se fichrent dans le symbole de XANA sur le front de la raie en-dessous de lui.
Se rceptionnant quatre pattes, il n'eut pas le temps de voir le tir d'une deuxime crature mortellement ajust.
Tournant par saccades la poigne de son vhicule jusqu' obtenir un hurlement de son moteur, Ulrich dgaina son katana et, levant le bras, il dressa sa lame pointe vers le bas pour bloquer le tir.
Pivotant habilement le coude et l'paule, il empcha quatre autres traits de les toucher.
L'engin bascula sur le ct et Ulrich se mit tourner autour de Odd vive allure. Il le protgeait ainsi de son sabre, mais le tireur ne put s'empcher de protester :
- Ulrich fais gaffe, j'ai failli t'en envoyer une !
- OK, on change de plan ! dcida le samoura.
Sans avoir l'air de se soucier de la pauvre agre qui se tenait tant bien que mal lui, ballotte de tout cts, il releva le nez du monocycle pour filer la rencontre de la deuxime Manta.
L'impact se traduisit pour Aelita par un lger freinage tandis que l'pe perait sa cible. Plaque encore plus contre Ulrich cause du souffle de l'explosion, elle dt nouveau s'agripper lui alors qu'une acclration la rejetait en arrire.
Ils fonaient droit vers la dernire crature. Des lasers rouges fusaient autour d'eux tandis que de furtifs points brillants les daient.
- Bon allez tout l'monde, laissez la Manta et repartez dans l'Arna ! ordonna Jrmie. Vous n'avez plus beaucoup de points de vie, au cas o vous l'auriez pas remarqu ! Et vous devez encore escorter Aelita jusqu' une tour !
- Relaxe Einstein, elle en a plus pour longtemps... Kaboum ! exulta Odd.
- Ouais bon si tu veux...
- Tu vois, et maintenant, on s'promne tranquillement jusqu'au transporteur.
En effet, sur le chemin du retour, ils ne trouvrent aucun nouveau Rampant, et Aelita lcha un soupir de soulagement lorsqu'ils furent totalement entours par la blancheur du globe.
Aelita, je vous envoie sur le Territoire de la Montagne, il y a quand mme une tour dsactiver...
Elle sursauta lgrement en constatant que ce fait lui tait totalement sorti de la tte. Mais elle ne s'affola gure plus.
La sphre s'vanouit sur le paysage dsol du Territoire. Ils ne mirent pas longtemps reprer le halo carlate qui enveloppait l'difice. Marchant tranquillement jusqu' lui, elle traversa sa paroi et rapparut sur la petite erelle coutumire qu'elle traversa, faisant s'illuminer les anneaux de l'œil de XANA jusqu'en son centre.
L elle inclina la tte en arrire pour apercevoir la seconde plate-forme. Se laissant porter par le courant ascendant, observant du coin de l'œil les donnes affiches sur les murs, elle se posa en douceur et les cercles s'illuminrent en mme temps.
Levant la main, elle fit apparatre l'cran de commande qui reconnut sa main. Lorsqu'il lui demanda d'entrer le code, elle y inscrivit sans hsiter L.Y.O.K.O..
- Tour dsactive, annona-t-elle dans un soupir.
La multitude de fichiers glissrent aussitt vers les fond de la tour, jusqu' ne plus laisser autour d'elle qu'un noir impntrable.
- Bon, maintenant... Matrialisation : Ulrich. Matrialisation : Odd. Matrialisation : Aelita.
A nouveau elle fut emporte dans les airs, suspendue les bras en croix, des pastilles incolores gravitant autour d'elle puis elle s'leva brusquement avant de disparatre.
Epilogue
- Pfiou... commenta-t-il, quand tout le monde fut runi autour de son fauteuil. Il s'en est fallu de peu ! J'ai vraiment t trop imprudent, faudra qu'j'mette en place un scan de l'tat des scanners qui s'activerait ds que j'allume la machine, et...
- C'est bon Jrmie, ce n'est pas de ta faute, intervint la voix timide d'Aelita. J'aurais pas d... Me prcipiter comme a... reconnut-elle. Vous m'en voulez pas ?
- Oh non, pas le moins du monde ! railla Odd. Bof, qu'est-ce qu'on risquait en fait ? Juste de mme plus tre suffisamment solides pour qu'on puisse nous incinrer proprement, mais sinon ?
- Je...
- Je plaisante ! s'alarma Odd en la voyant baisser les yeux.
- Eh c'est pas grave Aelita, on s'en est sorti, fit Yumi en ant un bras autour de ses paules. Et grce toi en plus !
- C'est vrai, fais pas cette tte l, recommanda Jrmie, tout est rentr dans l'ordre !
- Et juste l'heure pour les lasagnes, signala l'ternel bout-en-train en consultant sa montre.
- Quoi, t'es pas dj parti, Odd ? ricana Ulrich.
- Si ! Qui m'aime et aime les lasagnes me suive !
La troupe suivit le garon dchan. Comme Aelita tranait un peu, Jrmie la rejoignit. Il lui attrapa aussi l'paule et chercha son regard. Lorsqu'il l'obtint, il sourit pour l'inciter se drider. Timidement, elle en fit de mme.
Et la vie recommena, illumine par les yeux toujours aussi printaniers de la jeune fille.
Par Peniblec.