VIII
Je me renversais sur le sige de Jrmie et fermais les yeux. Je sentis les larmes monter, d'un revers de la manche je les essuyais et pris le chemin de l'usine. Tant que j'arrivais Jrmie aurait dj envisag les solutions possibles, du moins j'essayais de m'en persuader. Mais une partie de moi savait qu'il n'en tait rien et lorsque je franchis l'entre de l'usine l'ide lancinante de l'extinction du supercalculateur s'imposait moi.
- Il a attaqu Odd !
Jrmie tait dsempar et j'eus la certitude qu' lui aussi la solution s'imposait.
- Et les donnes ? tentais-je sans conviction.
- J'ai mme pas fait la moiti, c'est beaucoup trop long...et l on a plus le choix.
L c'tait lui qui craquait, c'tait donc moi de garder mon calme. Une profonde inspiration et j'essayais de donner le change tant bien que mal.
- C'est quoi l'attaque ? Ecoute Jrmie faut qu'on ree tout, on peut pas faire a ! On s'en est toujours sorti jusqu' maintenant y'a pas de raisons que a change !!
Je m'entendis presque hurler. De rage, d'nervement, de fatigue...tout se mlait mais maintenant je n'avais plus du tout l'intention de me laisser aller et de baisser les bras face Xana. Mes amis taient encore l, ils n'taient pas morts, Jrmie lui-mme me l'avait dit, il tait possible de les retrouver et de les ramener.
- Je sais pas pour l'attaque mais c'est pas trs difficile de savoir qui elle va viser, murmura t'il.
- Nous...finis-je.
- Tant que tu restes l'intrieur de l'usine tu seras surement plus l'abri, continuais-je.
Je vis son expression changer, pas sr de comprendre le sens de ma phrase.
- Tant que JE reste ? Je peux savoir ce que tu deviens ? interrogea-t-il surpris.
- Je joue l'appt.
En d'autres temps cette discussion aurait essuy les refus de tous, nous aurions discut, vot, argument...Mais l rien.
- Soit prudent, je n'ai plus t'apprendre ce qui t'arrivera si...
- Je sais, je sais. A toi de te servir de ce temps. Et si jamais on s'en sort pas tu sais ce qu'il reste faire. Je terminais cette phrase dans un murmure, laissant notre imagination entrevoir l'extinction du supercalculateur.
- Je suis pas sr d'y arriver seul...bgaya t'il.
Je me rendis compte qu'en faisant a je lui demandais d'endosser seul la responsabilit de la mort de Yumi, Aelita et Ulrich.
- Et puis Xana et moi on a un compte rgler. Mais t'inquite pas je lui ferais part de tes plus sincres amitis ajoutais-je dans un sourire.
Celui-ci me fut rendu et je quittais l'usine ne sachant ce qui m'attendait. Hormis qu'il s'appelait Xana.
Je restais dans les parages de l'usine. Si jamais Jrmie tait la cible j'aurais ainsi le temps d'aller son secours. Quelques coups de fils m'indiqurent que tout allait bien...enfin, faon de parler. Finalement il ne fallut que quelques dizaines de minutes pour que l'ennemi morde l'appt.
J'tais plac au bout du pont, l'entre mme de l'usine. J'avais rcupr un bout de ferraille dans l'usine. Mes prcdentes expriences avec Xana m'avaient montr l'utilit d'une telle arme. D'abord seul le brouhaha lointain de la ville me parvint. Puis progressivement un son s'leva au-dessus de la masse de bruits. Un cliquetis. Seulement il ne venait pas de la ville mais de l'usine.
J'y retournais prestement et depuis le rebord mtallique j'observais la dalle de l'usine. Trois Kankrelats s'vertuaient trouver un moyen de monter ma hauteur. Ils furent bientt rets par deux autres et je devinais que le nombre n'allait cesser d'augmenter. Je voulus prvenir Jrmie mais ma prsence tait de trop et ce n'est que de justesse que j'vitais le 1er tir.
- Bon au moins a c'est fait, je sais contre quoi je me bats maintenant.
Parler tout haut tait un de mes e-temps favoris sur Lyoko. C'tait surtout une faon de faire part de mes exploits tout le monde. L ils n'taient pas l mais pour moi c'tait tout comme.
Cach derrire un pilier je cherchais une stratgie mais malheureusement aucune ne me vint. Aprs tout ma devise a a toujours t de foncer dans le tas. Ulrich, lui, calculait, prvoyait... sauf que l il n'avait pas prvu. Une fois de plus je chassais cette image et me concentrais sur les amuses-gueules sur pattes. De toute faon j'tais l'appt alors autant remuer un peu !
Je courus comme un drat le long du balcon mtallique. Hors d'atteinte ils n'essayrent mme pas de tirer mais me suivait depuis le bas comme des sangsues. Il fallait les dgager d'ici et vite. Avisant la corde je sautais dans sa partie infrieure et dans mon lan je partis droit vers les Kankrelats.
- Oups...mauvaise ide !
Je sentais dj le tir mais rien ne se produisit. Celui-ci avait heurt ma barre de fer serr contre moi. La chance tait de mon ct pour une fois.
- Attention !! je paasssseeee !! Hurlais-je leur attention.
Mon morceau de mtal embrocha un Kankrelat qui explosa aussitt. Dj la corde repartait dans l'autre sens telle une liane et je parais un nouveau tir. N'ayant pas le temps de viser je me servis de mon arme comme d'une batte et envoyait valser le monstre suivant.
- Et de deux ! A qui le tour ?
Pour toute rponse un tir vint heurter la corde qui se coupa net et j'effectuais un vol plan avant d'atterrir lourdement sur le dos.
- Ouch, a fait plus mal que sur Lyoko quand mme, pens-je. Maintenant s'agit de pas rester dans la ligne de mire de ces bestioles.
Je roulais sur le ct entendant les premiers tirs siffler autour de moi. Je me relevais derrire un pilier. Le bruit des cliquetis se rapprochait et ils n'allaient pas tarder m'encercler. Au fond l'escalier de secours attira mon attention. Je les laissais se rapprocher encore un peu, toute seconde tait bonne prendre, et je m'lanais droit vers les marches. Aucun monstre n'eut le temps de viser et ils reprirent nouveau leur marche.
- Youhou ! je suis l !
Debout sur les premires marches je les narguais. Je doute qu'ils soient dots d'un sens de l'humour mais en tout cas ils ont une oue dveloppe...en quelques secondes les premiers Kankrelats taient sur les marches et tentaient de me redre sur le rebord mtallique. C'tait plutt amusant de les voir avancer par petit bond mthodique, ratant parfois la marche et dgringolant en arrire. Leur angle de tir tait trop faible pour qu'ils m'atteignent et c'est sans peine que je restais au sommet des marches.
- Petit, petit, petit ! Allez encore un effort et vous aurez droit votre rcompense...
Le premier Kankrelat effectua le dernier bond et avant mme qu'il ne pose ses pattes sur le rebord il explosa sur place.
- Efficace ce bout de ferraille ! A qui le tour messieurs ? ironisais-je.
Comme s'ils avaient dj contourn mon plan les Kankrelats se mirent par deux et ce furent deux bestioles qui sautrent en mme temps ma hauteur. Parant au plus press je fis tournoyer mon arme et elle vint percuter le Kankrelat sur son flanc. Celui-ci voltigea dans les airs avant de retomber au sol o il explosa. Le deuxime rougeoyait dj quand il subit le mme sort.
- Et de deux qui font quatre !
Un rapide calcul me fit comprendre que de nouveaux arrivants s'taient adts l'armada de Xana. Toutefois ce n'tait que 4 Kankrelats restant qui attaquaient la monte des marches et ma stratgie fonctionnait merveille. Je pouvais tenir longtemps comme a.
Un clair de lucidit me traversa soudain.
Ces monstres sortaient d'un seul et unique endroit : les scanners. Et leur seul chemin vers moi ait par Jrmie.
- Mais quel idiot !! Je rageais de m'tre fait avoir. Des larmes de colre brouillrent mes yeux au moment o les Kankrelats restant arrivaient ma hauteur. Un nouveau bruit me parvint aux oreilles. Mes cris avaient couverts leur arrive et lorsque je me retournais trois dards rougeoyant se refltrent dans mes yeux.
IX
Mes yeux embus s'agrandirent d'un coup et les larmes cessrent nets de couler. Par un rflexe de survie, srement acquis de Lyoko, je reculais au moment o les tirs partaient. Une violente douleur irradia mon bras gauche tandis que je tombais la renverse sous le souffle des 4 explosions contes. Il me fallut quelques secondes pour comprendre que les bestioles s'taient touches mutuellement. Sauf qu'il en restait encore et non contentes de m'avoir touch elles rechargeaient dj leurs tirs. Je voulus me relever en prenant appui sur mon bras mais un cri de douleur me fit retomber. Je roulais sur le ct pour viter un nouveau tir du frlion restant. Les deux autres Kankrelats taient arrivs en haut des marches et ils n'allaient pas tarder faire de moi un souvenir.
J'imaginais dj ce que l'on dirait Participait beaucoup... la bonne ambiance de la classe , a, a serait l'apprciation des profs coup sr. Et les amis qu'est ce qu'il dirait ? L'image de Jrmie me revint en tte et ma dtermination reprit le dessus.
Je pris appui sur la barre toujours dans ma main droite et je me relevais prestement avant de courir nouveau vers le bout du balcon mtallique. Seulement cette fois le frlion tait bien plus rapide et il n'y avait pas moyen de le semer. Le bout de l'usine apparaissait dj et l'autre me collait toujours aux basques. Quelques tirs s'taient chous sur mes pas et me laissait prsager qu'une fois l'arrt il ne me raterait pas. Mme si j'avais le temps de le dtruire a laisserait suffisamment de marge aux Kankrelats pour me redre et faire feu. On tait peut tre pas sur Lyoko mais j'avais encore le sens de l'quilibre et de l'acro. J'incurvais ma course, m'lanais face au 1er mur, pris appui sur celui-ci et d'un rebond je continuais sur le mur d'angle me retrouvant ainsi face au frlion. Je commenais dj retomber quand je plantais le bout de ferraille dans le sigle du frlion. Celui-ci explosa instantanment. Les Kankrelats taient arrivs ma hauteur et l'un des tirs me frla le bras droit. La douleur me fit lcher mon arme et rveilla nouveau ma rage. Une irrpressible envie d'en finir s'empara de moi et sans rflchir je courus droit vers les Kankrelats. Sans doute surpris de ma raction ils ne tirrent pas et je shootais de toutes mes forces dans le premier qui explosa quelques mtres plus bas. Le deuxime avait dj repris position et tira une nouvelle salve. J'esquivais aisment et me faufilais derrire une poutrelle. Le coup du shoot tait cette fois trop risqu et je n'avais plus d'arme. De plus je distinguais un nouveau frlion se frayant un chemin vers nous. Le temps pressait d'autant plus que je ne savais pas ce qu'tait devenu Jrmie et le moment tait mal venu de tlphoner. Le Kankrelat arrivait bientt ma hauteur. J'entrepris de contourner la poutrelle verticale et m'accrochais celle-ci sur la face expose au vide. Je me laissais glisser afin de ne pas laisser mes mains visibles. La douleur dans mes bras me lanait terriblement mais je serais les dents, bien dcids en dcoudre. Le Kankrelat continua sa route et tirant sur mes bras je remontais hauteur de la plate forme que j'enjambais nouveau mais cette fois du ct de mon arme que je rcuprais. J'tais enfin dos au Kankrelat et le seul bruit qui suivit fut celui-ci de son explosion.
Un frlion restait en vue et il fallait se dpcher avant que d'autres ne rappliquent. Je supposais que l'nergie de Xana tait tout de mme limite dans sa qute de fabrication plus vraie que nature...
Le frlion arriva trs vite face moi et l'espace d'un instant je crus qu'il me dvisageait. Je me revis sur la plate-forme, Ulrich prt parer les tirs et moi m'lanant vers le rebord.
Il tira, j'esquivais et lanais mon arme, droit dans le sigle. Il explosa et la douleur dans mon bras galement. Je retombais sur le sol, extnu.
- Quel idiot !!
Moi qui avait voulu attirer Xana loin de Jrmie je m'tais fais avoir, c'est lui qui m'avait retenu loin de lui, coup de Kankrelat et de frlions.
- Imbcile ! m'entendis-je hurler, avant de composer le numro de Jrmie.
A chaque sonnerie je retenais mon souffle et lorsque sa voix se fit entendre je m'autorisais respirer.
- a va Odd ? s'enquit-il.
- On a vu mieux, on a vu pire, lch-je pour toute rponse. T'es o ? A l'abri j'espre ?
- Ouais t'inquite mais faut vraiment que je retourne sur le PC. Quand j'ai compris ce que Xana nous envoyait par les scans je me suis planqu dans l'usine en prenant l'chelle de secours. Je t'ai pas appel pour pas faire de bruit et pour le moment il m'a pas retrouv mais d'ici je peux rien faire...d'autant plus que Xana vient de nous filer un sacr coup de main, murmura t'il.
- On a pas la mme dfinition du coup de main je crois, le mien c'est celui d'un ami qui aide un autre ami, tu vois le genre ?
- Odd ?
- Oui Einstein ?
- D'aprs toi comment Xana a envoy ses monstres de Lyoko nous ?
- Je sentais qu'il y avait un pige.
- En les dvirtualisant ? osais-je.
- Pas loin...moi j'appellerais plutt a de la matrialisation.
Je mis un petit moment comprendre et Jrmie eu la dcence de me laisser ce temps de rflexion.
- Tu veux dire qu'il a utilis un programme comme celui que tu cherches ? risquais-je.
- Exactement. Et si je retrouve ce programme je pourrais complter le mien beaucoup plus vite, conclut-il.
- Voil de quoi me remettre en forme !
- Je vais descendre aux Scans de l j'aurais qu' taper sur tout ce qui sort et on pourra tenir longtemps.
- Euh...Odd, je sais pas ce qu'il y a dans les salles. Si a tombe a grouille de monstres. T'en as dtruit combien ?
- Oh tu me connais j'aime pas donner des chiffres prcis, plaisant-je.
- Menteur tout le monde sait que tu tiens les comptes, rpliqua t'il dans un clat de rire.
- Non sans blaguer j'en ai dgomm une dizaine je pense.
- Je ne pense pas que Xana ait eu le temps d'en refaire beaucoup alors. Non seulement il a du dtourner l'nergie pour les crer mais aussi prendre le contrle du monte-charge.
Tiens c'est vrai a, je n'avais mme pas remarqu qu'ils arrivaient par l...comme si c'tait normal que des monstres de 50cm de hauteur et sans mains prenaient l'ascenseur et appuyaient sur le bouton marche. Toujours est-il que le monte-charge tait grand ouvert devant moi. J'en dduis qu'on avait un instant de rpit.
- On fait comme on a dit Jrmie, je te res et on descend ensemble, trouve toi de quoi te dfendre. Je te conseille le morceau de ferraille, modle pointu si possible, pas trop lourd et maniable, a va trs bien !
Je l'entendis rigoler doucement avant qu'il ne raccroche. Je repris mon arme et me dirigeait vers le fond de l'usine. Le calme m'apaisa un peu et j'en profitais pour rcuprer et regarder mes blessures. Le bras droit avait t effleur mais le bras gauche semblait dj plus entaill et plus proccupant.
- Pfff...un beau t-shirt tout neuf dj trou...
- Hep t'arrte de te plaindre !
Je sursautais avant que mon cerveau ne comprenne qu'il s'agissait de Jrmie.
- T'es pire que Xana toi quand tu t'y mets ! J'ai rchapp aux bestioles et c'est toi qui va m'avoir pour finir !
- Chuutttt ! Parle pas trop fort, m'ordonna t'il. Excuse pour la frayeur mais c'tait trop tentant. Hey, mais ton bras !
Effectivement le bras gauche avait une sale tte et le t-shirt mauve la base tirait plutt vers le rouge fonc. Malgr tout valait mieux ne pas inquiter le petit gnie.
- T'en fais pas c'est moins grave que a en a l'air.
J'essayais d'tre rassurant mais vu sa tte ce n'tait pas gagn.
- Bon alors disons que sur une chelle de point de vie j'en ai perdu 30.
Menteur, pens-je aussitt, c'est plus du 50.
- Allez ne trainons pas ici, dis-je pour mettre fin cette discussion. T'as trouv de quoi te dfendre ?
Sans mot il me montra une barre de fer quivalente la mienne. Nous tions arms, pars de courage et prt se dfendre une fois de plus. L'accs au labo tait situ quelques mtres de l et aucun bruit ne semblait s'en chapper. Je m'approchais prudemment et jetais un coup d'œil par l'ouverture.
- Tu vois quelques chose ?
Je sursautais nouveau. Avant mme que je parle je l'entendis soupirer dsol .
Jrmie n'avait jamais t sur Lyoko et habituellement quand quelque chose allait mal il tait plutt du genre nerveux, angoiss mais curieusement il semblait maintenant calme. La fatigue y tait sans doute pour quelque chose, on approchait les 36h sans sommeil et la tension accumule avait tendance nous plus que d'accoutum.
- Je vais regardais un peu plus, tiens toi prt dguerpir si y faut.
Accroupi, j'avanais un peu plus vers l'ouverture et y entreprit d'y er la tte. Rien en vue, pas de bruit suspect. Je me redressais et fit signe Jrmie d'avancer. Nous allions pouvoir descendre.
X
Je laissais mon bout de fer Jrmie et commenait descendre sans bruit par les repose pieds encastrs dans le mur. Malgr la douleur dans les bras j'atteignis rapidement le sol du labo. D'un hochement de tte je fis comprendre Jrmie de m'envoyer nos moyens de dfense respectifs. Je les rattrapais au vol tandis que Jrmie commenait sa descente.
- Bon a a l'air Ok pour le moment, rien en vue ici. Je vais jeter un coup d'œil l'accs des scans. Et surveille bien le monte charge des fois qu'il se remettrait en route, ajoutais-je sans hausser la voix.
A nouveau je m'approchais du rebord dont l'ouverture donnait sur la salle des scans. Mme manœuvre, mme rsultat : rien en vue
- On est tranquille pour le moment, dis-je en me relevant.
Mais Jrmie n'coutait dj plus, il avait repris place devant l'ordi et pianotait toute vitesse. Il savait tout comme moi que le temps nous tait compt et que l'ventualit d'un arrt du supercalculateur tait plus que jamais d'actualit. J'aurais voulu discuter avec lui, mais mieux valait le laisser tranquille aprs ses derniers reproches...Je perds toujours la notion du temps dans cette usine mais le silence qui s'installa dura une bonne heure me permettant de rcuprer.
- Tu fais quoi ?
Surpris je mis un temps rpondre.
- Je pense.
- Toi ? tu penses maintenant ? rpliqua t'il.
Oh a va je suis pas Sissi quand mme ! rpondis-je vex.
- Ouais c'est vrai excuse moi.
Voil que Jrmie se mettait faire des blagues, qui plus est pas drle du tout. Enfin pas vraiment...quoique je souriais intrieurement. Ou plutt je riais. Dcidemment rien ne tournait rond ces dernires 24 heures.
Nouveau silence.
- Jrmie ?
- Hum ?
Non je voulais juste savoir si tu ne dormais pas.
- Je te rassure je tiens le coup et toi ? Ton bras a va ?
- Ouais mme si j'aimerais bien bouger. D'ailleurs tu sais quoi j'ai bien rflchi, et ne te moque pas une fois de plus, je vais aller colmater les ouvertures de secours vers la salle des scans et le supercalculateur.
- Pas bte !
- Ah tu vois quand mme ! J'ai des ressources insouponnes...
- a tu l'as dis, elles sont bien caches.
Je le laissais hilare devant son cran et pris le monte-charge en direction de la surface.
- Moques toi, mais en attendant c'est moi qui ait dgomm les premiers envoys de Xana, rpliqu-je.
Les portes se refermrent et quelques secondes plus tard j'atteignis la dalle de l'usine. Les cadavres de mes victimes jonchaient le sol et j'en tirais une certaine fiert. C'est vrai aprs tout, je m'tais bien dbrouill !
Je ne mis pas longtemps trouver ce que j'tais venu chercher. Des plaques de mtal, rectangulaires qui obtureraient parfaitement les ouvertures. Une par une je les ramenais au monte-charge assez pniblement vu l'tat de mes bras.
- Jrmie ?
- Oui ?
- Y' pas de souci pour le moment ? Rien en vu si je descends aux scans ? interrog-je
- Non toujours rien l'endroit est dsert, me rassura t'il.
Le monte-charge m'amena au deuxime sous-sol. La descente me parut interminable bien qu'elle ne dura que quelque secondes de plus. J'observais l'intrieur du monte-charge me revoyant quelques jours plus tt : Ulrich ma droite, Yumi et Jrmie gauche. Le climat tait assez tendu cette fois l...Ulrich et Yumi et leur fiert, un mnage trois parfois dtonnant.
Quand la porte s'ouvrit j'tais encore perdu dans mes penses et heureusement que la salle tait belle et bien vide car je n'aurais rien pu faire. J'extirpais une par une les trois plaques vers le centre de la salle. Il existait un accs vers la salle infrieur mais il tait verrouill par une trappe.
Ouvrir ou ne pas ouvrir telle est la question !
J'tais vraiment pas le pro des actions long terme. Finalement l'ouverture tait ce qui me semblait le plus logique, cela constituerait une chappatoire. En fait si nous ions par l cela signifierait que l'on se repliait vers notre dernire solution... D'un autre ct a garantissait un nouvel accs aux bestioles....
Dilemme, dilemme !!
En disant cela j'ouvris la trappe et le supercalculateur apparut vu d'en haut.
Dire qu'ils sont tous les trois l dedans, murmurais-je.
Je contemplais la colonne de silice mais je ne la voyais pas. Devant mes yeux se dessinaient mes trois amis sur Lyoko, Kadic... Je sortis de ma torpeur, un sourire sur les lvres.
Les plaques ne serviraient pas grand-chose vu que la trappe tait plutt une coutille. Pas moyen d'y glisser convenablement mes morceaux de mtal. Finalement je dverrouillais simplement la valve et laissais la trappe referme. Je mis en place le treuil qui permettait la descente et repris le chemin du labo non sans un regard pour les scans.
- Me revoil Einstein ! clamais-je en sortant mes plaques du monte-charge.
Son sige pivota vers moi et tandis qu'il ouvrait la bouche je le coupais.
- Oh non Jrmie je connais ce regard l !
- Il va recommencer Odd, avoua t'il. Les variations d'nergie sont...
- J'men fous, aide moi mettre les plaques alors !! Allez dpche-toi !! hurlais-je.
- Non mais tu comprends pas ou quoi !! s'nerva-t-il.
Surpris, choqu...je n'aurais pas su dire mais toujours est-il que je n'en menais pas large.
- C'est finit Odd, on a chou, j'ai chou ! Le programme est pas fini est j'ai mme pas retrouv toutes les donnes d'Aelita. Sans savoir si il n'en manque pas et si le programme marche et si...
- Et si tu te calmais pour commencer ? rpliquais-je.
Jrmie 1 - Odd 1.
- Tu crois que j'en ai pas marre aussi ? Que j'ai pas envie de dormir ? Que a m'amuse de voir mon bras saigner et de sentir la douleur s'intensifier ds que je traine une de ces fichues plaques ? Mais on n'a pas le choix ! Cette fois y'a pas de retour dans le pour rectifier ce qui n'a pas t. Le seul retour dans le c'est toi.
- Arrte j'ai jamais dit a.
Je sentais sa voix s'trangler, il cherchait ses mots.
- D'aprs toi pourquoi Xana n'a pas attaqu tout de suite aprs la premire vague ? a te rappelle rien le fait d'accumuler de l'nergie ?
- Et tu veux faire quoi Jrmie ?
Je posais mes mots et plantais mon regard dans le sien.
- Tu veux fuir le labo ? Aller cherche les flics ? Quoique vu ce qu'on va leur dire on devrait peut-tre aller voir les stups d'abord a les intresserait de savoir ce qu'on a...
- Tais toi !! Arrte de tout prendre la lgre comme a ! hurla-t-il. Tu crois que a me rjouit de te dire tout a ? J'aurais prfr te dire que j'avais fini que tout tait ok, qu'ils allaient tous rentrer que ce soir on mangerait tous ensemble et qu'aprs j'irais discuter toute la nuit avec Aelita. Mais au lieu de a je sais pas, je sais plus quoi faire...
Sa voix s'estompait et ses yeux brillaient dsormais. Un picotement aux yeux me fit comprendre que j'en tais au mme stade. Nous nous regardmes tous les deux et les secondes qui suivirent me semblrent une ternit. Je le vis finalement se lever. Il a mes cts sans un regard et je l'entendis rentrer dans le monte-charge. Il partait vraiment. J'entendis ses doigts taper sur le boitier et la porte se referma. Je m'effondrais sur les genoux et fermais les yeux.
- Alors ces plaques tu m'aides ou quoi ?
XI
Je pris une profonde inspiration et me relevais. Jrmie reait ct de moi trainant une plaque vers l'ouverture. J'en fis autant et bientt les 3 plaques obstruaient l'ouverture. Seul un infime trou permettait un regard vers la salle.
- Et maintenant ? osais-je.
- J'allais te poser la mme question.
- Tu sais bien que je ne pense pas moi.
Il esquissa un sourire
- Excuse-moi Odd. Pour tout, depuis le dbut j'ai franchement pas t la hauteur alors que toi...enfin c'est pas mon fort les excuses mais heureusement que t'as t l.
- Je le suis toujours j'te signale ! Va falloir arrter ces penses pessimistes mon cher !
Il sourit nouveau et reprit un air srieux qui signifiait bon alors on fait quoi ? .
- Et si on dbranchait les scans ? Xana pourrait plus matrialiser ? H, H, t'as vu a je pense bien des fois !
- L'ide est bonne mais je sais pas ce qui arrivera aux autres si on dbranche les scans...j'ai peur de faciliter la perte des donnes. Je connais pas encore assez bien la structure des scans pour savoir comment ils fonctionnent. Pour peu qu'ils aient une mmoire propre les dbrancher ferait courir le risque de ...
- Ok ok c'est bon j'ai compris n'en dis pas plus.
- Aller voir des gens de l'extrieur c'est impossible d'une on ne nous croirait pas, et de deux on interdirait l'accs et a en serait finit pour de bon.
- Donc en gros on ne peut que rester et se battre ? conclus-je.
- Oui. Je viens de bloquer le monte-charge, enfin j'en ai repris le contrle et je peux le bloquer ma guise, a peut toujours servir. Rsuma Jrmie.
- On tient le sige c'est a ?
- Oui, aussi longtemps que possible.
Il retourna s'asseoir au PC et se remis taper pour quelques minutes, comme si il ne s'tait rien .
Je pris place au niveau des plaques mtalliques et m'allongeant je scrutais la pice par l'troite ouverture que nous avions laiss. Il ne fallut pas longtemps pour que le bruit caractristique des scans se fasse entendre.
- On a de la compagnie !
Les trois scans s'ouvrirent et trois Kankrelats en sortirent pour se runir au centre. 30 secondes plus tard ce fut trois autres et progressivement la salle prit des allures de fourmilire. Etrangement il stationnait l.
- Dix-sept, dix-huit, dix-neuf,...
- Tu fais quoi ?
- Je, vingt, compte, vingt deux...
- T'as oubli vingt et un.
- Mais euh ! C'est ta faute ! Je peux tout recommencer maintenant.
Comme prvu les frlions s'invitrent la fte. Je rapprochais encore les plaques craignant que les volants viennent ma rencontre. Finalement l'ide que je me trouvais derrire ces plaques ne les effleura pas et leur vol se fit stationnaire me rappelant la double range de Lyoko. Reprenant mes comptes j'en arrivais 30 Kankrelats et moiti moins de frlions. Une belle arme grouillante vue d'en haut. Dans notre malheur nous avions un peu de chance : la taille des scans empchait l'arrive sur terre de Mgatank et autres Krabes et Blocks. Je me retournais vers Jrmie qui bien que concentr avait lgrement pli.
- a va tre tes premires bestioles, pas vrai ?
- a se voit tant que a ? ironisa t'il.
- De toute faon pour le moment elles sont runies en bas et a fait plutt meeting !
- Ouais et aprs le meeting y'a le buffet ! dit-il
Il rigola nerveusement et laissa chapper un profond soupir.
- Alala qu'est ce que je donnerais pas pour manger ! Tes ides de buffet l...j'aurais du prvoir avant de venir. En plus on risque de louper le souper aussi...non mais qu'est ce qu'on ferait pas pour ses amis !
- Hey ! a y'est il se rveille, il tente d'appeler le monte-charge.
Je me tus aussitt. La tension tait mont d'un cran, tant dans la pice que dans sa voix. La premire bataille allait se jouer entre lui et Xana.
Je filais l'ouverture.
- a bouge l-dessous...remarqu-je.
En effet les troupes se dirigeaient vers le monte-charge qui s'emplissait vue d'œil. Bientt trop serrs, les Kankrelats commencrent un deuxime tage s'escaladant les uns les autres. Les frlions remplissait le vide restant de la cabine. Un instant j'envisageais d'aller couper les cbles du monte-charge pour qu'il aille s'craser au fond avec son chargement...infaisable malheureusement.
- C'est bon Jrmie on a fait le plein, glissais-je l'intention du ti' gnie.
Heureusement pour nous les portes ne se refermaient pas et je pus observer le tas instable que formaient les bestioles. Chaque seconde un Kankrelat se cassait la figure et remontait sur un autre.
- Ton programme fonctionne ?
- Oui, oui il a l'air, mais je ne sais pas combien de temps. Xana ne mettre pas longtemps contourner la scurit que j'ai mise en place. En attendant c'est autant de temps de gagner pour que j'avance.
Je le vis sortir plusieurs CD qu'il s'empressa de graver et de ranger aussitt dans son sac...je n'essayais mme plus de comprendre, je lui faisais confiance.
La musique qui me parvint ce moment n'avait rien de mlodieux, mme plutt stridente, mtallique. Il me fallut un court instant pour comprendre qu'elle provenait de mon portable. Et un instant de plus pour voir que je n'tais pas le seul l'avoir entendu.
- Non pas a ! Tout sauf a !
Mon cri ressemblait plutt une plainte dsespre. Je crois que c'est le mot qui convient.
Je coupais le portable dont le rappel s'tait dclench. Rappel pour ne pas oublier d'aller voir milie...c'est une fille qui aura ma perte, je l'ai toujours su !
- Ils ont entendu ? s'inquita Jrmie tout en sortant un nouveau CD.
Je jetais un œil avant de le retirer prcipitamment.
- Oula, a, a fait peur ! dis-je tout en reculant, le cœur battant.
- T'avais jamais vu un frlion d'aussi prt ?
- Un si, mais 10 non !
Un essaim s'tait regroup prt de l'ouverture, dardant les plaques de mtal. Lorsque le 1er tir rsonna je compris quel point nous tions mal barrs.
- Faut faire quelque chose l Einstein ! T'as pas une illumination de gnie ?
Je le vis entortiller nerveusement ses doigts, retirer ses lunettes, les remettre et je sus que pour l'illumination faudrait reer.
- On s'est fait piger nouveau Odd, murmura t'il impuissant.
XII
Le 1er tir de laser fit tressauter les plaques mtalliques et ce n'tait qu'une question de temps pour soit les faires sauter pour de bon soit les dplacer progressivement et agrandir l'ouverture. De l'autre ct une cargaison de Kankrelat dans un monte-charge bloqu.
- Faut s'enfuir Jrmie et vite !
- Non, non pas encore Odd, je touche au but je le sais ! J'ai finis le programme et les donnes d'Aelita sont presque l je le sais, je peux pas la laisser en plan comme a. Il suffit que je la ramne sur terre pour que...
- Pour que quoi Jrmie ? Si elle rapparait ce sera dans les scanners autant dire dans la gueule du loup. Si on reste l dans 2 minutes on est tous les deux grills au laser de Frlions et c'est pas une partie de plaisir, crois moi j'ai essay.
Comme pour donner du poids ma phrase une plaque tressauta nouveau et se dplaa un peu plus, agrandissant l'ouverture que je m'empressais de refermer.
- Laisse-moi encore 5 minutes Odd, je t'en supplie. Si tu veux vas t'en devant je te redrais.
Je ne pus m'empcher de rire.
- Tu me prends pour qui l ?
Au-lieu de dtaler j'acquiesais de la tte et remis les plaques de mtal leur place alors qu'un nouveau tir s'abattit dessus. Elles chauffaient dj et je ne les voyais pas tenir encore longtemps. La 1re plaque cda vite et fut littralement tranche en deux.
Mais qu'est ce que je foutais l franchement. J'tais qu'un collgien aprs tout, et aucune formation pour sauver le monde.
L'nime salve de tir fut l'lment dclencheur. Ils avaient sans doute russi concentrer leur tir et se regrouper au maximum. Aprs tout j'en sais rien, l'essentiel et que je vis la deuxime plaque cder et je sus qu'en un tir bien plac la dernire s'effondrerait ou alors aurait tellement de recul que je ne pourrais pas la garder en place.
- On file Jrmie et pas de ngociations cette fois.
- Ok mais tu pars devant, il te faudra plus de temps que moi pour monter l'chelle vu l'tat de ton bras. Et cette fois c'est toi qui ne discutes pas.
Le temps tait de toute faon trop prcieux pour tre dilapid en discussions striles.
Jrmie prit ma place et j'entrepris de monter l'escalier qui menait au corridor ayant pris soin de placer nos ternels barres de fer dans le sac de Jrmie aux cts du portable.
En effet la monte ne m'pargna pas quelques cris touffs tant la douleur m'lanait. Je parvins nanmoins en haut. Jrmie me jeta un regard et l'instant d'aprs il s'lanait son tour vers les marchepieds. La plaque tint bon jusqu'au milieu de l'escalier.
- Acclre !! hurlais-je plein poumon.
Jrmie avait entendu la plaque dgager et le vol des frlions qui s'engouffraient dans le labo. Heureusement leur nombre lev les empchait de tous pntrer dans la salle et la plupart restrent bloqus. Ils eurent visiblement beaucoup de mal comprendre qu'ils ne eraient qu'un la fois. Mais Xana apprend vite et le 1er tir s'abattit droite de Jrmie qui atteignait le haut de l'chelle. Voyant derrire lui la nue de Frlion se diriger droit vers nous je dcidais de presser les choses et me saisis du bras de Jrmie tirant de toutes mes forces.
- Aaaahhh !
Nous avions cri en mme temps. Mon bras me faisait souffrir au plus haut point et Jrmie s'tait fait toucher au mollet tandis que je le tractais de force. Il s'tait retrouv propuls sur moi et il fallait maintenant dguerpir en vitesse, l'espace tant suffisamment large pour un vol de Frlions.
Je fis er Jrmie devant, sa jambe le ralentissant considrablement. Au bout la porte du corridor semblait notre seule chance. Un premier coup sur la tle me fit comprendre qu'un Frlion tait nos trousses et il ne fallut pas longtemps avant que le 1er tir ne se fasse entendre et choue derrire moi.
- Plus vite ou on est foutu ! criais-je essoufl.
- Je fais ce que je peux, maugra Jrmie dont le mollet me semblait bien abm.
Tout en courant je ais ma main dans le dos et me saisis d'un des bouts de ferraille que j'avais fourr dans le sac. La porte tait toute proche et tandis que Jrmie s'affairait l'ouvrir je me retournais vers le Frlion, laissant Jrmie quelques mtres hors de porte des tirs.
- C'est le boulot d'Ulrich a normalement, pensais-je tout haut.
Le premier tir parti et je dviais sur la gauche. Le second ne se fit pas attendre et vint frapper par hasard la barre de fer proximit de ma main. Je sentis la chaleur du tir jusque dans mes doigts.
- C'est bon c'est ouvert ! cria Jrmie.
Je parais un dernier tir convenablement et franchit les derniers mtres tandis qu'une nouvelle salve partit. Jrmie referma derrire moi et j'entendis les tirs s'chouer sur cette barrire mtallique qui nous protgeait dsormais.
Nous nous effondrmes cte cte, dos la porte, reprenant notre respiration difficilement.
- Ta jambe a va ? questionnais-je.
- Comme ton bras je suppose.
Autrement dit j'ai mal mais je erais, parce que de toute faon j'ai pas le choix.
Nous avions chapp aux premiers mais d'ici peu l'endroit grouillerait de Kankrelats...
Le besoin de dormir tait de plus en plus fort et je sentis mes yeux se fermer doucement. Ma dernire pense fut pour les parents de Yumi qui devaient s'inquiter. Pas de rponse sur le portable, et Hiroki avait surement balanc ce qu'il savait...nous tions donc devenus les lves les plus recherchs de . Je souris cette pense et laissais mes yeux se fermer. Tant pis pour les Kankrelats...j'en pouvais plus.
XIII
Le clapotis des touches et quelques bips sonores eurent raison de mon sommeil lger. J'ouvris enfin les yeux et dcouvris Jrmie pench sur son portable, tapant inlassablement des sries de codes et enchainant avec les divers CD gravs dans le laboratoire.
Je m'tirais, laissant chapper une plainte sourde. Je grimaais en sentant galement les douleurs se rveiller.
- J'ai dormi longtemps ?
- Non une petite heure tout au plus, me rpondit-il sans quitter l'cran des yeux.
- On est toujours en vie ?
- Ouais j'ai toujours le contrle du monte-charge pour finir. Enfin je l'avais parce que d'ici quelques minutes a sera du .
Je ne relevais pas cette phrase...pas envie de penser a tout de suite.
- Mais comment tu fais pour ne pas tomber de sommeil ?
A cette question il tourna la tte et me rpondit dans un sourire malicieux.
- Question d'habitude !
- Ouais, tu parles, moi aussi je m'habituerais vite si j'ai ma princesse au bout de l'cran !
Oups j'avais gaff. La preuve en est qu'il se retourna vers moi mais cette fois-ci le sourire tait mlancolique. Une autre fois il aurait rougi et aurait bgay en s'adressant moi. M'exc n'aurait fait qu'enfoncer le couteau dans la plaie.
- Bon alors t'as avanc sur ton portable ? dis-je histoire de changer de sujet.
- Oui le programme est quasi-termin mais par contre il faut que je retourne au labo tout prix pour finaliser la rcupration des donnes d'Aelita...d'ici c'est impossible.
Un silence envahit la salle dsaffecte de l'usine et il dut lire dans mon regard que je ne voyais pas trop comment accder sa demande. Je coupais court toute raction.
- Rcapitulons : par le monte-charge toutes les salles seront surement accessibles aux bestioles dans quelques instants. Par les escaliers de secours seule la salle du supercalculateur est encore bloque. En gros avec beaucoup de chance on tiendra 2 minutes devant le PC avant de se faire griller et l, on aura tout perdu.
- On va dj commencer par voir ce qu'il y a derrire cette porte, proposa t'il.
Il fallut quelques secondes pour rassembler nos affaires et j'entrepris d'entrouvrir la porte. Je distinguais le corridor par le petit interstice mais pas de monstres volants en vue.
- a m'a l'air bon...pour le moment, chuchotais-je. Je vais voir jusqu'au bout attend moi l.
Sans faire de bruit je remontais le couloir jusqu' l'ouverture sur le haut du labo. Jusque l aucun bruit suspect ne m'tait parvenu, pas de bruit d'ailes... Je risquais un œil dans le labo. Ils taient encore l. Dix Frlions voletant tranquillement ras du sol. Le monte-charge tait quand lui absent. Je reculais mais heurtais involontairement la paroi avec mon bout de ferraille toujours prsent dans ma main droite. Je n'ai mme pas cherch savoir si ce bruit tait inaperu, j'ai couru. Et en refermant la porte je vis les tirs partir dans ma direction.
- Bon je crois que de ce ct c'est mort, ironisais-je en reprenant mon souffle.
- Faut qu'on bouge d'ici et vite !
a y'est Jrmie le paniqu tait de retour.
- a sert rien on est coinc c'est vident. De toute faon il bloque l'accs au labo, lchais-je dpit.
- Alors faut refaire diversion...
Le ton de sa voix ne prsageait rien de bon. Surtout qu'il tait le seul capable de se servir du PC donc faire diversion supposait qu'Odd allait rejouer l'appt. Sauf que cette fois a me rappelait un peu les requins qu'une goute de sang attire sur des kilomtres la ronde. Alors l vu l'tat de mes bras j'imaginais pas ce que j'allais rameuter.
- Explique toujours dis-je en expirant bruyamment.
- Tu vas dans la grande salle et moi je laisse Xana reprendre le contrle du monte-charge pour de bon. T'en rameutes le plus possible...
- Qu'est ce que je disais, marmonnais-je
- Je continue...Une fois que t'en as un paquet tu reviens ici et tu fermes la porte derrire toi. Pendant ce temps je rends le monte charge inutilisable.
- Et toi t'auras dj fil dans le labo en esprant que Xana aura tout lanc mes trousses, c'est a ?
Il hocha la tte. J'tais trop fatigu pour discuter du plan. Le souvenir de mon oreiller me semblait lointain mais j'avais presque l'impression de sentir le moelleux de ma couette... Jrmie dut lire dans mes penses puisqu'il les coupa.
- Bientt Odd, bientt a sera fini.
- Je te prviens quand je suis en place, lui lancais-je de loin.
Je grimpais les escaliers mtalliques et atterris trs vite dans la salle cathdrale. Aucun bruit ne me parvint, pas l'ombre d'un Kankrelat sautillant sur la dalle de bton. Seulement leurs carcasses parses, souvenirs de notre premire rencontre de la journe. Je dcidais de remonter sur la plate-forme. Il me fallait une planque, d'o je puisse les surveiller, attendre qu'ils soient regroups et finalement rebrousser chemin. J'en trouvais une, l'extrieur de l'usine. Debout sur le rebord d'une vitre crasse je voyais nettement le monte-charge. Je bipais Jrmie et une minute plus tard la porte du monte-charge s'ouvrit. J'eus l'impression d'tre au ski o les tlcabines rgurgitent les vacanciers par paquets avant que chacun ne prennent une direction. C'tait exactement a. La salle fut bientt envahie de Kankrelats tandis que dans les airs voltigeaient les Frlions. Aucune ne me vit. Je rentrais nouveau dans l'usine rampant de mon mieux. Les bestioles inspectaient au ras du sol. Par chance aucune n'allait vers le corridor. Je rampais jusqu'au rebord et osait un regard en contrebas. Ils s'taient runis en paquet l'autre bout, c'tait donc le moment. Je me relevais et me jetais vers la corde qui me faisait face. Mon intrusion fut aussitt remarque et je fis demi-tour prt dtaler. Je crois que c'est ce moment que je compris ce que signifiait une mauvaise surprise. Quand je vis Jrmie courir dans ma direction une meute de frlion aux trousses.
- J'aurais du les compter, murmurais-je.
XIV
L'espace d'un instant je fus perdu restant fig sur place.
- Dans le monte-charge vite !
Sa voix stridente me fit prendre pied dans la ralit et je m'engouffrais aussitt dans le monte-charge. Jrmie me suivit de prs et se prcipita sur le boitier. Les cliquetis des Kankrelats se fit si intense que je regardais nouveau vers l'extrieur. Je vis le tir partir dans sa direction et dans un rflexe je plongeais sur Jrmie l'jectant contre la paroi du monte-charge. Le tir choua sur le boitier qui explosa immdiatement sous l'impact.
- Non !!! c'est pas vr...
Aucun de nous deux ne put terminer sa phrase sous la secousse qui suivit. Le monte-charge s'branla avant de plonger droit vers les sous-sols sans mme que la porte ne soit referm.
- Accroche-toi !!!
Je fus projet dans les airs lorsque le monte-charge ralentit subitement. Je me retrouvais plaqu au sol, Jrmie mes cts. Un craquement se fit entendre et nous chutmes nouveau. Je vis la porte des scans dfiler devant mes yeux et je compris que cette fois l'arrt final serait au pied de Xana. Mais il semblait vouloir prolonger notre jeu et le monte-charge s'arrta nouveau violemment. Je ne comptais plus les coups que j'avais. Jrmie tait blanc et il s'en fallut de peu pour qu'il ne s'vanouisse pas. Le monte-charge stoppa la moiti du dernier sous-sol.
- Faut bouger Jrmie, articulais-je en douleur.
Je le vis glisser dans l'ouverture et s'affaler sur le sol du supercalculateur sortit de son compartiment. Je le suivais de peu et mon tour je m'effondrais face au supercalculateur.
Ils taient l, tous les trois, perdus dans ses circuits. Et ni moi ni Jrmie n'tions de taille pour lutter. Je ramenais mes genoux ma poitrine et enfouit ma tte dans mes bras laissant couler ce qui me restait de larmes.
Les sanglots mes cts en disant long sur l'tat de Jrmie. Je me sentais dfaillir nouveau. Je me saisis de mon portable et tandis que Jrmie relevait la tte j'articulais pniblement :
- Aidez nous s'il vous plat, on est coinc dans l'ancienne usine dsaffecte, on est collgien Kadic, vous nous trouverez au sous-sol.
Je coupais la communication et regardait Jrmie.
Le bruit du monte-charge nous sortit de notre torpeur. Il remontait faire le plein.
L'effarement s'empara de nos visages et la mme ide nous traversa l'esprit. Nos regards se portrent vers l'ordinateur quantique, seule responsable de notre situation dsastreuse. A ce moment je compris quel jeu dangereux nous avions jou...et perdu. Ce que nous prenions avec tant de srieux n'en restait pas moins un jeu interdit dont le secret du supercalculateur aurait du lui seul nous mettre en garde. Tout, sauf un jeu d'enfants.
Le regard fix sur la tour j'essayais de deviner ce qu'tait prsent mes amis, s'ils avaient la moindre ide de ce que nous vivions l'instant et s'ils savaient ce qu'il nous restait faire.
La trappe s'tait dj ouverte et je vis la manette apparatre son tour.
- Non ! criais-je. Non, on peut pas faire a, Jrmie, on peut pas !
- Tu sais ce que a veut dire...
- C'est injuste j'aurais du tomber avec eux, j'aurais du tre aussi dvirtualis, je veux pas rester ici et me reprocher le reste de ma vie de ne pas avoir russi, je prfre mon tour perdre ici dans cette salle. J'aurais au moins l'impression d'avoir fait quelque chose et de m'tre rapproch un peu d'eux.
- Tu pourras vivre avec a Jrmie ?
- ...non...
Il se rassit dos au supercalculateur. J'avais l'impression d'tre libr, d'avoir les ides claires.
- Si on tient assez longtemps...on aura peut-tre une chance glissais-je.
- Non tu sais trs bien ce qu'il va y avoir quand la porte va s'ouvrir. Ils ne vont mme pas sortir, juste tirer.
J'entendis le monte-charge se remettre en route et en mme temps les sirnes des pompiers qui devaient arriver sur le pont. Un clair de lucidit me traversa ce son.
- Jrmie t'es le seule capable de les ramener, et je peux pas t'obliger suivre mon choix.
- Non, non, non....articula Jrmie en hochant la tte. Je vois o tu veux en venir et il est hors de...
- coute-moi s'il te plat. Les secours sont l, quand Xana va voir a il va se retourner vers eux et nous on sera sauv. Il faut juste que l'on gagne du temps...mets toi l'abri et laisse moi rester devant. Si a marche tu pourras les ramener, je le sais, tu peux tout faire.
- Hors de question, on a tenu deux jusque maintenant. On en finira deux aussi, ajouta t'il en se plaant debout mes cts.
Le monte-charge tait arriv destination et la porte s'ouvrit.
Je souris en voyant cette arme de bestiole. Je tendis mon bras en avant et dans un sourire je lchais quelques mots
- Flche laser...
Mais rien ne partit. Xana avait tout de mme attendu mon dernier mot avant de tirer. Je me mis en boule n'essayant mme pas de parer quoique ce soit.
La douleur m'envahit de tous cts de mme que les cris de Jrmie rsonnrent dans la salle. Sous le choc nous perdmes tous deux l'quilibre jetant nos bras en arrire pour nous rattraper. Ma main rencontra la sienne et tandis qu'une deuxime salve partis je croisais son regard empli de larmes. L'impression de ralenti fut si intense que je sentis mes yeux s'agrandir au de l'ordinateur et de la main de Jrmie. Nos deux mains glissrent ensemble le long du supercalculateur la recherche d'une asprit ralentissant notre chute. Elles en trouvrent une qui se plia sous la pression.
Comme dans un miroir je vis son visage se transformait en mme temps que le mien. Nos ttes cogrent contre l'ordinateur quantique sur lequel vinrent s'abattre les derniers tirs provoquant des gerbes d'tincelle. Les bestioles se figrent. Je me retournais vers Jrmie. La douleur tait intense mais je voulais en avoir le cœur net. Nos deux regards convergrent vers l'asprit que nos mains avaient rencontre dans notre chute. La manette. Nous l'avions abaiss. Le peu de force qui nous restait nous abandonnrent ce moment.
EPILOGUE
Cela fait 3 ans aujourd'hui que la manette est abaisse.
Les semaines qui suivirent cette journe sont parmi les plus floues de ma vie. J'ai l'impression de les avoir traverses sans jamais y prter attention. Notre gurison prit du temps, d'autant plus que je n'avais aucune volont de gurir. Bien videmment les gens dfilrent devant nous. Inspecteurs, mdecins, psychologues, chercheurs, militaires, politiciens plus ou moins connus etc. Ce n'est qu'en sortant de l'hpital que je compris le secret qui entourait notre histoire. Pour tous nous n'tions que deux collgiens tombs dans une usine alors qu'ils y jouaient. Un certain nombre de rponse nos questions sur l'origine du supercalculateur furent lucids. Si quelques mois plus tt elles nous auraient paru essentielles ces informations m'taient dsormais totalement indiffrentes. La question d'Ulrich et Yumi fut vite aborde et je pense que c'est ce moment l que je changeais mon comportement. L'incident avait fait de moi un adolescent rserv, mais l'vocation du sort de mes amis je devins renferm et nourrit une rancœur sans pareil pour ces personnes responsables de ce mensonge. Mes amis taient morts noys et leurs corps n'avaient pas pu tre retrouvs. Raconter notre histoire des centaines de fois, changer la version selon la personne face nous nous tait devenu une habitude. Il nous aurait t facile de raconter la vrit, de nous lancer dans des explications prcises et dtailles mais nous savions que personne d'extrieur au projet ne nous croirait. Il nous avait t aussi rpt que cette version trafique serait plus facile accepter par les parents. Je n'tais pas dupe et je savais qu'on exerait sur nous une pression visant nous culpabiliser un peu et de ce fait nous tions tout disposs mentir pensant ainsi se repentir de nos erreurs. Mais avec ou sans eux la culpabilit tait relle, je savais qu'ils en profitaient mais de penser l'espace d'un instant que mentir aux parents leur faciliterait le deuil m'aidait moi aussi me sentir un peu mieux...sur le moment. Je savais que tt ou tard je ne me erais plus.
Cela n'avait rien de facile de se remmorer les vnements, comme si mes cauchemars frquents ne suffisaient pas cela. Mais ce ne fut rien comparer notre rencontre avec les parents de Yumi et d'Ulrich. Soutenir leur regard et leur mentir perdument daient mes capacits et je me souviens m'tre effondr en pleurs devant eux. Jrmie semblait avoir plus de facilit. Il en savait aussi plus que moi. Sa facilit contrler Xana semblait intresser en plus haut lieu. En effet le projet avait bien tait abandonn il y a plusieurs annes et son rveil a inaperu. Mais le contrle qu'avait russi exercer 4 collgiens suscita bien des convoitises et nouvelles ides. Les nombreux interrogatoires ce sujet me confirmrent trs vite cette impression. Je sus que la dernire attaque avait srieusement endommag l'ordinateur et qu'il tait hors d'usage mais je souponnais une volont suprieure de le remettre en tat.
Ce fut Jrmie qui me le confirma. Nous ions le plus clair de notre temps ensemble. Chacun rappelant l'autre que nous n'tions pas seul. Chacun se souvenant que nos deux mains s'taient poses sur la manette et que nous n'avions pas endosser seuls la responsabilit.
Notre retour Kadic fut lui aussi mouvement. Je crus dfaillir ds le 1er jour lorsque je vis dans quel tat se trouvait Sissi. Anantie est srement le mot qui convenait. J'eus piti d'elle et pensais avec regret aux mchancets que je lui avais jet. Jrmie et moi restions en permanence ensemble. Les autres hsitaient nous adresser la parole. Le mystre qui nous entourait allait bon train et les rumeurs galement.
Je ne devais jamais m'habituer a et c'est avec soulagement que je quittais Kadic en fin de troisime. Jrmie resta. Aussi proche que nous tions, la prsence de l'autre tait un inlassable rappel. Il suffisait que nos regards se croisent pour que les souvenirs affluent. Bien sr ces annes furent galement parsemes de fous rires, de bons moments mais une part de moi avait chang. Une partie qui ne ait pas ce qu'elle avait fait. J'ai toujours pens qu'en abaissant la manette je n'avais pas fait que condamner mes amis, j'avais galement tu une partie de moi-mme. Le Odd joyeux, extraverti avait disparu. Si nos missions nous avait fait mrir je sus aussi que je devins adulte 14 ans, dans ce sous-sol d'usine. Et je n'aimais pas ce Odd, ses mensonges me donnaient l'impression de participer un peu plus l'oubli de mes amis.
Mes s avec Jrmie ne cessrent jamais, nous nous voyons souvent. Si l'loignement tait une bonne chose, pouvoir reparler des vnements est aussi ncessaire. Mais je constatais avec effarement qu' part pour nous deux, mes amis taient vite tombs dans l'oubli. Le fait d'avoir menti leur parent m'inait de plus en plus. Je voulus leur dire la vrit mais je savais que les pressions exerces en haut lieu m'en empcheraient. Rien ne disait que ses parents me croiraient. Il fallait que je trouve un moyen plus efficace de leur rendre hommage, de ne pas les oublier.
Lors d'une promenade matinale aux abords de Kadic je me suis retrouve projet 3 ans en arrire lors de mon incursion chez Yumi. Les gens que j'avais observs alors dans la rue taient toujours l. A la fois diffrents de par leur identit et semblables de par leur savoir limit de ce qui s'tait pendant deux ans, de leur vie que nous avions sauv. Oui sauv. Mes amis et moi-mme avions sauv ces gens et bien d'autres et rien n'existait pour faire connatre aux gens ce que nous faisions. Bien sur tout raconter restait impossible. Mais je sentais monter en moi l'inspiration. Je voulais rendre hommage mes amis, nos exploits, nos sacrifices, notre vie de collgien. Ils mritaient autant de respect qu'un soldat de guerre, qu'un bnvole de la Croix-Rouge, ils mritaient que les gens se souviennent d'eux pour ce qu'ils taient vraiment et pas pour avoir jou comme deux enfants irresponsables prs d'une rivire. Irresponsable. J'avais entendu ce mot dans la bouche d'un adulte les jours suivants l'incident. J'avais eu envie de hurler. Les gens devaient connatre mes amis pour ce qu'ils taient vraiment.
Je me mis crire. Si au dbut cela ressembla un journal intime cela pris vite la forme d'une histoire. Je couchais sur papier nos rencontres, nos 1res missions. La ralit telle qu'elle tait.
Pourtant je n'osais jamais aller donner a leurs parents. Puis peu peu je pris de l'assurance. Je n'allais pas jusqu' raconter la vrit autour de moi mais je devins plus sr de moi, parler de mes amis autour de moi tait un moyen de les faire revivre quelque peu. Et c'est en septembre dernier que j'ai pouss la porte de cette socit, soutenu par Jrmie. J'tais sr de moi cette fois. J'allais enfin faire quelque chose de bien pour eux. J'ai demand voir un responsable et devant ma dtermination on accda ma demande. Quand je ressortis des bureaux de la boite je venais d'en convaincre les dirigeants de mettre en chantier un dessin anim reprenant les aventures de mes amis et moi-mme.
Code Lyoko est un succs.
J'eus le courage de rencontrer les parents de Yumi et Ulrich au sujet du dessin anim mais je leur mentis encore une fois et leur expliquais que tout tait tir de notre imaginaire, des jeux que l'on s'inventait l'poque ensemble. Un simple jeu d'enfants. Un nouveau mensonge. De mme que si les pisodes se basaient sur les missions que nous avions effectues j'arrivais vite la dernire mission. Je choisis de ne pas la narrer, mme avec une fin heureuse. Cette sensation d'inacheve m'a longtemps habit de mme que j'ai toujours cette impression d'chouer.
Jrmie vient d'avoir son bac et nous savons tous deux qu'elle en est la signification. Ds la rentre prochaine il intgrera une quipe de recherche assurant sa formation et s'assurant de ses connaissances sur Xana. Je sais qu'il va le rparer, le rallumer. Je sais qu'il a toujours ses CD et son portable. Mais aucun de nous deux ne sait ce qu'il trouvera et esprer est un luxe que je ne veux pas me permettre.
C'est cela qui m'a enfin dcid. Jrmie n'a pas abandonn l'ide de les revoir. S'il s'agit avant tout d'un travail de recherche je connais son but. Il ne s'est pas donn tant de mal toutes ses annes pour aller se balader sur Lyoko. Je me devais de ne pas les abandonner mon tour.
J'ai pris la plume nouveau et j'ai crit. Si vous voulez le dbut, regardez les pisodes dj parus. Ils sont l'exacte reprsentation de ce que fut notre vie de collgien. Mais la fin est toute autre. La ralit, la vrit telle que je l'ai vcu, vous venez de la lire.
Ces quelques pages constituent ce que j'ai de plus prcieux au monde : les derniers souvenirs de mes amis. Avec l'aide de Jrmie j'ai choisi de les rendre public sur le rseau, pour que chacun puisse savoir ce qui s'est et le diff sa guise. Peut-tre prendrez-vous a comme une fin alternative au dessin anim. Peut-tre trouverez vous que cette histoire n'est...qu'une histoire qu'elle vous plaise ou non. Mais peut-tre vous direz vous que c'est ce qu'il s'est . Que Jrmie et Odd n'ont pas russi sauver leurs amis. Que sur Lyoko lorsque ma flche a loup Ulrich j'ai dcid du sort de mes amis. Je n'ai pas russi les sauver, peut-tre russirais-je les faire vivre travers vous.
Fin
Par Guiyom